Il aurait fallu un Billy Wilder, peut-être, pour faire de Jay Kelly autre chose qu'un film charmant et inégal, existentiel et artificiel, divertissant, mais un tantinet trop long pour cause de redondance. Plus mélancolique que réellement dramatique, le film de Noah Baumbach trace le portrait d'une grande star hollywoodienne qui tourne trop, par peur du vide qui s'annonce, se repose sur un entourage entièrement dévoué, et continue à être l'éternel absent auprès de ses proches. George Clooney joue ce personnage ambivalent avec toute la classe et l'auto-dérision qu'on lui connaît, dans une crise de la soixantaine masculine, d'autant plus aiguë qu'elle touche une figure publique qui ne se remplit que de la considération et de l'amour de ses admirateurs, tout en étant déconnectée de la vraie vie. Ce n'est ni Boulevard du crépuscule ni Une étoile est née, mais une évocation assez convenue du statut de vedette, saturée de nostalgie, qui sait se rendre attachante de temps à autre, plus par son originalité que par une sentimentalité un peu trop présente. Outre l'impeccable George, Adam Sandler donne une belle substance à son rôle de factotum et sert de contrepoint dans la relation étroite qui l'unit à son patron et néanmoins ami, après tant d'années de collaboration. Si le film avait été moins centré sur sa star, sans doute aurait-il gagné en profondeur, mais il aurait aussi vraisemblablement perdu en prestige, quoique...