J'ai fait très récemment la découverte de Vincent Delerm, notamment à travers ce « Je ne sais pas si c'est tout le monde », où ce dernier fait preuve de plus de créativité en 56 minutes que de nombreux réalisateurs français dans toute leur carrière. Alors que je ne savais pas très bien où je mettais les pieds, j'ai tout de suite été plongé dans ce mélange de souvenirs, à la fois très réaliste et constamment teinté d'onirisme, que ce soit par l'alternance noir et blanc - couleur que la structure du « récit », et surtout le merveilleux choix des intervenants, témoignant tous d'une douceur, d'une sensibilité rares, Delerm faisant preuve d'une incroyable maîtrise pour les rendre cohérents, complémentaires les uns aux autres.


Difficile, d'ailleurs, de classer cette œuvre dans une catégorie précise, et c'est aussi ça qui fait son charme si singulier : mélange de documentaire, fiction, rêverie, réflexion sur le « sens de la vie » ? Sans doute un peu des quatre à la fois, qui n'aurait donc toutefois que peu de sens sans la beauté des différents propos : si certains sont inévitablement moins intéressants que d'autres (quoique, pas tant que ça, finalement), le chanteur-réalisateur parvient toujours à une merveilleuse harmonie, certaines prises de parole s'avérant même bouleversantes : je pourrais en citer plusieurs mais je vais me focaliser avant tout sur


le superbe témoignage d'un fan à Alain Souchon (qu'est-ce que cela doit être touchant d'entendre ça) ou encore les toutes dernières images à l'écran de Jean Rochefort, à qui l'auteur de « Favorite Song » rend un merveilleux hommage, ces quelques plans, accompagnés d'un commentaire tout en pudeur sur ce très grand monsieur, étant un moment inoubliable (et puis, quel réalisateur, qui plus est débutant, n'aimerait pas l'entendre dire « j'aimerais que cette journée de travail avec vous soit ma dernière »?).


Je pourrais en évoquer bien d'autres, notamment les « retrouvailles » avec


Éléonore Klarwein,


même celles tenant surtout de l'anecdote étant tellement bien racontées, tellement drôles parfois, qu'elles sont régulièrement délicieuses.


Ultime élégance de l'ami Vincent : ce dernier a su délicatement s'effacer derrière la caméra pour n'être qu'un intervenant parmi bien d'autres (mais tout aussi captivant), sans oublier la bande-originale (qu'il a, formidablement accompagné de Virginie Aussiètre, évidemment signé ! On ne se refait pas), d'une douceur, d'une poésie rares, accompagnant fort joliment ces images nous restant longuement en mémoire, à l'instar de cet ultime plan évoquant merveilleusement tout ce qui a été évoqué auparavant. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître : celui d'un artiste, un vrai, intelligent, talentueux, touchant : si Delerm chanteur est aussi doué que Delerm cinéaste, nul doute que sa discographie sera un véritable bonheur à écouter. Un seul mot : merci.

Caine78
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le 21 févr. 2020

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