L'écume progressiste et les pitoyables prises de conscience des jeunes changeurs de monde

Première partie d'un diptyque (le second opus est Blue) de Victor Sjoman centré sur la société suédoise de l'époque et son exploration assortie de 'mise en question' par une fille de 22 ans. Lena Nyman prête son corps à cette gamine un peu idiote, du style mi-grande-gueule mi-amorphe, avide surtout de baises.


Le film mélange interviews (en mode micro-trottoir affiné), fictions dont certaines 'meta' (au début avec le réalisateur et sa muse). Au bout de trois quart-d'heures, il est quasiment fixé sur les échanges entre personnes, les petites aventures, avec la politique stricte par le biais du vécu simple (sur les ondes des radios ou dans les images d'actualité, via les actions futiles ou manifs à la portée symbolique).


Le catalogue d'initiatives et tracts gauchistes contemporains (avec Martin Luther King en icône) prend sa petite part dans un spectacle dominé par l'histoire d'une crétine ('engagée' à ses heures et surtout, effectivement, curieuse) avec un mec alléché (bourgeois conservateur qui n'a rien caché, s'est seulement abstenu de se déclarer et préciser son jeu), à la campagne. C'est trop décousu, auto-complaisant ; avec des qualités plastiques le distinguant du tout-venant dans ce registre.


Finalement cette niaise influençable, égoïste et irrespectueuse deviendra une fausse harpie et vraie mégère anti-hommes, comme si elle était aigrie depuis quasiment la racine – elle croira probablement qu'elle a 'de l'expérience' et donc un jugement averti. Enfin, cette partie-là n'est pas comprise dans les deux heures.


Leçon présente : elle a appris qu'avec la sexualité, prise par n'importe quel bout, ça finit mal en général – avec des pleurs, des frustrations et peut-être même une crise de boulimie ! Il lui reste à creuser le filon de la manipulation et à persévérer dans ses crises spectaculaires (car il y aura bien un jour des faibles pour les accepter et se soumettre). L'autre leçon, implicite, avouée mais négligemment, c'est que le militantisme est bien souvent le faux-nez des branleurs et des consuméristes pressés (bien plus que des ambitieux).


Autant découvrir The Raspberry Reich de Bruce LaBruce (2004) : il s'assume comme stupide (et racoleur) et montre des gauchistes allant au bout de leur dissidence. Ils sont peut-être moins bien tenus et nourris (canadiens et non scandinaves), en tout cas autrement radicaux et libérés. Sinon il suffit de voir Il est mort après la guerre d'Oshima (1970) pour reconnaître l'inéluctable déconfiture de cet activisme de confort et de cette ouverture lâche et superficielle – en noir et blanc également tout en atteignant le romantisme.


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le 2 déc. 2017

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