De la forêt Felucia et celle des rêves bleus : Itinérance d’un Kenobi gros bêta

APRÈS SÉANCE


Alors que beaucoup l’imaginent déjà dans un spin-off centré sur Obi-Wan, Ewan McGregor créé la surprise et privilégie l’ours en peluche aux Stormtroopers… On reste donc dans la maison Disney qui reste sur un échec cuisant côté film en prises de vues réelles avec Un raccourci dans le temps. Dans la veine d’autres conversions de classiques d’animation telles qu’Alice au pays des merveilles ou Maléfique, le studio aux grandes oreilles s’attaque donc maintenant à l’ours camé au miel le plus connu de la planète : Winnie l’ourson !


Jean-Christophe a bien grandi, terminé les journées entières à chiller grassement dans la forêt des rêves bleus. Le pensionnat est passé par là, la guerre et le poids des obligations aussi. Bref, Jean-Christophe est devenu un homme sérieux, docile et chiant, s’enfermant dans son travail au détriment de sa femme et sa fille. Lors d’un énième week-end passé à bosser, Jean-Christophe tombe sur un ours en peluche perdu, celui de son enfance.



SUR LE FOND : 6 étoiles



Quel étrange objet cinématographique… Malgré un visuel aussi sombre et poussiéreux qu’un film DC Comics, Jean-Christophe et Winnie est une fable niaise à destination d’un public dans l’enfance (ou qui souhaite y retourner). Ce genre de feel-good movie moralisant (et pas moralisateur) n’est pas vraiment ce que je préfère au cinéma, mais c’est loin d’être mauvais ou sans intérêt. La morale délivrée tout le long du film est somme-toute assez classique mais efficace : restez l’enfant qui est au fond de vous, n’oubliez pas vos amis et profitez de la vie !


Le film traite bien ses sujets : l’amitié, la transmission et la nostalgie de l’enfance qui est sans doute au centre même du projet. Il y a d’ailleurs une similitude intéressante avec Hook où Peter Pan a, lui-aussi, décidé de grandir et d’oublier son enfance, son passé et ses amis. Le message n’est pas très subtil c’est vrai, mais il est bien transmis. Jean-Christophe et Winnie tente également de critiquer un capitalisme inhumain par l’attitude de Giles Winslow (Mark Gatiss), le patron tyrannique et paresseux de Jean-Christophe.



What day is it ?



It’s today.



It’s my favorite day !



Au service de ces messages, on retrouve tout l’univers de l’ourson : Winnie, Tigrou, Porcinet, Bouriquet et compagnie. Tous ces jolis personnages qui ont bercé mon enfance… Non, je plaisante, j’étais plutôt Sangoku, Ken le survivant ou Pikachu. Néanmoins, la bande à Winnie est tantôt drôle, tantôt touchante. Chacun à son trait de caractère, qui se retrouve d’ailleurs au sein de l’équipe de collègues de Jean-Christophe. Une femme peureuse rappelant Porcinet, un vieil homme déprimé ressemblant à Bouriquet, un autre surexcité à en faire des bonds tel Tigrou. Cette analogie montre que Jean-Christophe n’a pas totalement oublié ses anciens amis en quelques sortes puisqu’il s’est entouré de personnes lui rappelant. Après, la comparaison n’est pas ostensiblement appuyée, peut-être suis-je en train de sur-interpréter totalement, mais elle permet d’offrir un peu de profondeur à des personnages ultra-secondaires manquant cruellement d’intérêt.


Parce qu’au final, mis à part les personnages ayant les rôle-titre, le reste du casting est oubliable. La famille de Jean-Christophe, Evelyn (Hayley Atwell) et Madeleine (Bronte Carmichael) sont totalement osef malgré le fait qu’elles sont sa principale motivation. Hormis Madeleine qui a le droit à sa petite intrigue lors du climax du film pour illustrer la transmission entre le père et sa fille, on en reste à de la pure figuration le reste du temps.


Et je ne parlerais même pas du voisin amateur de belote (Adrian Scarborough) dont la story-line ennuyeuse ne vise qu’à justifier le fait que Jean-Christophe se cache dans le parc et tombe ainsi nez-à-nez avec Winnie. Que faisait-il là ? Eh bien, il a traversé la porte dans l’arbre et est ressorti là où « le destin » devait l’emmener. Malheureusement plus tard, lorsque Jean-Christophe est en retard et doit absolument rentrer à Londres, il ressort lui dans le comté de Sussex de manière à gagner encore 20 minutes d’intrigue. En fait, tu ressors là où le scénario doit t’emmener… Est-ce que je chipote ? Oui, tout à fait.



SUR LA FORME : 7 étoiles



La vraie surprise de Jean-Christophe et Winnie, ou du moins son vrai pari, c’est sa forme épousant les codes des contes de fée tout en proposant une approche visuelle réaliste. Le film est par exemple divisé en nombreux petits chapitres comme dans un livre pour enfants, dont la succession est représentée par les pages qui se tournent. Un procédé qui est en réalité utilisé au début et à la fin du film essentiellement. Certaines scènes sont d’ailleurs portées à l’écran en mode traits de crayon sur page jaunie, ce qui est plutôt chouette. Il y a vraiment une nostalgie de l’enfance portée à l’écran, aussi bien dans la forme du film que dans son message.


Et pourtant, malgré tous ces éléments rappelant l’univers du conte, de la fable, Jean-Christophe et Winnie surprend par son relatif réalisme. Cela s’explique peut-être par le background du réalisateur, Marc Forster, qui n’a jamais réalisé de films d’animation ou adaptés de dessins animés et que, personnellement, je ne connais que pour avoir signé le plus mauvais James Bond de l’arc Daniel Craig (Quantum of Solace bien entendu). Ici, le gars a judicieusement utilisé son enveloppe de 75 millions de dollars pour moderniser les peluches, paradoxalement en leur donnant un effet retro. Globalement, les effets spéciaux sont jolis, notamment sur les peluches hyper réalistes, vieillies comme si elles avaient réellement attendu Jean-Christophe pendant trente ans.


Cet aspect fait vraiment sens dans le film, tout comme l’ambiance un peu triste et terne offerte par des couleurs très peu saturées illustrant le spleen de la vie d’adulte. Il y a parfois un petit élément qui vient contraster, perturber ce filtre marécageux comme un ballon rouge de manière à montrer visuellement son importance et la passerelle qu’il créé avec le monde joyeux des enfants.



People say nothing is impossible, but I do nothing every day.



Autre truc très sympa, la plupart des personnages animés principaux est doublé par les acteurs de doublage originaux. Notamment en VO, Jim Cummings prête à nouveau sa voix à l’ourson et Wyatt Hall à Tigrou. Et dans une moindre mesure, c’est Patrick Préjean qui double le tigre à la queue en tire-bouchon.


Tous les éléments sont donc là pour faire le plein de nostalgie pendant 1h43. Le film est rythmé, même s’il n’hésite pas quelques fois à prendre un peu de temps pour distiller un peu de mélancolie ou de poésie. Dommage que la distribution n’ait pas été au niveau de la communication. Jean-Christophe et Winnie fut un moment donné sur tous les bus de NCY mais n’a bénéficié que d’une séance par jour en plein milieu de l’aprem dans un ciné sur quatre. Une sortie Noël aurait probablement été plus efficace, mais Disney n’a probablement pas voulu impacter Le Retour de Mary Poppins. Pas très supercalifragilisticexpialidocious…


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON



NOTE TOTALE : 6,5 étoiles


Spockyface
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le 18 nov. 2018

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