Une plaisanterie déprimante

On peut vraisemblablement parler de plaisanterie après le visionnage de "Jeanne" de Bruno Dumont.
Personnellement, ses précédents travaux (notamment "P'tit quinquin" et "Ma loute") m'avait plutôt distrait. Sans pour autant être les productions audiovisuelles d'une décennie, ces précédentes œuvres avaient quelque chose de singulier, même si le déphasage du jeu d'acteur n'était jamais loin.

Mais là, ça confine à l'absurde.

Honnêtement, entre les scènes entières clipées sur des chansons de Christophe, où il ne se passent strictement RIEN qui fasse avancer l'intrigue, et les monologues entiers confiés à des comédiens qui n'ont pas un brin de technique, on se prend parfois à rire tellement le tout est effarant.

Honnêtement, à quel moment, dans ce film, Bruno Dumont peut, en conscience, annoncer à tout son crew : "OK elle est bonne, on la garde, plan suivant"... Les techniciens devaient être grassement payés pour continuer à faire cet inénarrable navet.
Les rares moments où on peut espérer apercevoir une once de justesse chez un comédien, c'est quand ce dernier oublie son texte.

Alors, il y a une profusion de décors, c'est bien... Mais Bruno Dumont ne sait pas les filmer, il préfère rester loin de son sujet et de l'intériorité de ses personnages.
Les séquences s'allongent parfois à l'infini car non seulement c'est filmé avec les pieds, mais les acteurs ont une palette de jeu incroyablement limité. Disons le vraiment, il ne sont pas acteur et ils se foutent de nous.
Parlons par exemple de l'actrice qui interprète Jeanne : elle est tour à tour concentrée voire possédée, tour à tour très en colère et on croirait qu'elle fait un caprice à ses parents dans un rayon de chez Auchan. Je ne parlerais pas non plus du personnage d'abbé juste avant le procès de Jeanne : ce type est un gag, il a un monologue de 3 minutes qu'il annone bêtement avec une ironie inutile, sans en comprendre les enjeux.
Ce film est un sketch.

J'en ai déjà parlé, mais dans ce film de Bruno Dumont, le vocabulaire cinématographique est très limité. Et encore, je parle de vocabulaire, il s'agirait plutôt d'onomatopées, de babillage, voire de vomissements.
Les points de vues de la caméra ne rendent pas compte du côté épique de l'histoire ni de ce qui se passe chez ses personnages qui n'existent pas, qui n'ont pas d'incarnation. Mais ce défaut eût été pardonné si les acteurs avaient été des professionnels. Là, j'ai vraiment l'impression de voir un film amateur entre copains. Mais je n'en tire aucun plaisir, c'est l'absence totale d'action, d'histoire et de fun.
C'est vraiment la version discount d'un film historique.

Ce n'est même pas du théâtre. J'ai lu des commentaires parlant de ce film comme ayant plus sa place au théâtre. Ma question est la suivante : allez-vous voir des pièces ? Je veux dire des véritables pièces, pas celle de la kermesse de votre village...
Être acteur c'est un métier, comme celui de réalisateur, de scénariste etc... Ça demande du travail et de la technique, ça ne s'improvise pas n'importe comment.

On ne devrait pas donner des budgets ni décerner des prix à des trucs pareils. C'est se moquer ouvertement de la profession... Merci le festival de Cannes (et le prix "Un certain regard" décerné à Dumont) de nous prouver encore une fois le corporatisme par lequel vous vous distinguez d'années en années.

Je m'attendais à voir un film prenant sur un personnage historique dont je connais assez peu de choses au demeurant, j'ai fini par rire aux éclats devant un non-film d'un mauvais goût certain et à l'indigence rare.

A oublier...