Nov 2009:

Aouch! Difficile de retrouver du Sirk là-dedans. Sauf à s'en masturber la tête, on pourra toujours trouver es similitudes sur le personnage féminin, cette forme de séquence là, cette ombre portée ici, des jeux de lumières, des postures mélodramatiques, certes. Sans doute que la patte de Samuel Fuller est plus évidente, mais personnellement le connaissant beaucoup moins, je ne pourrais me prononcer.

Surtout le film est plutôt raté. Sur bien des points, cela ne fonctionne pas. Je n'aurais finalement que quelques amabilités pour Patricia Knight, très jolie et très bonne quand il s'agit d'avoir un peu de voix et de coffre dans l'expression, mais dès qu'elle doit jouer les frêles demoiselles en détresse, son jeu manque de naturel et de présence. Le mélodrame prend le dessus.
Cornel Wilde quant à lui est souvent mauvais comme un cochon. Son embarras par exemple est systématiquement exprimé par la tête qui se baisse et sa main droite qui vient lui masser la nuque. La pauvreté du jeu proposé chagrine.

L'alchimie entre les deux acteurs principaux a du mal à fonctionner me semble-t-il, mais il faut noter à leur décharge que le scénario préparé par Fuller et Helen Deutsch prend souvent des tournants qui ne sont pas loin d'être stupides. L'absurdité de certaines situations rendent l'investissement du spectateur quelque fois plus qu'ardue. Attendant un film plus écrit de la part de l'association Fuller/Sirk, j'ai vraiment peiné à entrer dans l'histoire. Le personnage de Wilde est un guignol infoutu de faire ce qu'il clame à tout bout de champ, un type dont le système de pensée voire la moralité sont à géométrie si variable que l'on ne peut que les trouver curieusement façonnés : l'agent de probation garde sous tutelle une femme libérée sous conditions, lui fait des leçons de morale sur le respect de la loi, mais il n'hésite pas une seule seconde à l'enfreindre dès qu'il tombe amoureux d'elle. Elle aussi est parfaitement nigaude, mettant les trois quarts du film à se rendre compte que son ex-petit ami est un pervers manipulateur, une aveuglante évidence pourtant dès les premiers plans où il entre en scène. Les temps de réaction de ces deux nigauds sont si longs que je fus proche de m'ennuyer.

Heureusement le rythme est bien soutenu et maintient un minimum d'intérêt. Le film, pas trop long, se voit en somme sans grand désagrément, malheureusement également sans grand enthousiasme.
Evitable.
Alligator
4
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le 30 mars 2013

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Alligator

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