Ce cher Clint Eastwood aime la musique, il suffit de voir "Bird" pour s'en convaincre (à ce propos, son fils Kyle est un excellent contrebassiste de jazz).

Il a donc choisi de faire un film biographique sur des des groupes phares des années 1950-1960 : Frankie Valli and the Four Seasons.
Ils sont plutôt inconnus en France, mais vous avez sûrement déjà entendu Big Girls, ou Can't Take My Eyes Over You (reprise un nombre incommensurable de fois) et surtout December, 1963 (qui hante chaque mariage grâce à la reprise d'un certain monsieur François).

Pour cela, Eastwood a porté son dévolu sur quatre acteurs principaux absolument inconnus, mais leurs performances vocales sont absolument merveilleuses, faisant des séquences musicales les meilleures parties du film. Le grand Christopher Walken apparaît en tant que figure paternelle pour ces quatre jeunes immigrés italiens, cherchant à s'extirper de l'avenir de petits mafieux auquel ils semblent promis.

La réalisation de Clint Eastwood est comme à son habitude classique, très classique. Cela a engendré des chefs d'oeuvre ("Sur la route de Madison", "Million Dollar Baby") mais également des films très ennuyeux car trop académiques ("J. Edgar" pour ne citer que lui). Eastwood réussit ici à retranscrire parfaitement l'ambiance de la fin des années 1950, le vent de folie et d'insouciance qui soufflait alors.

Mais, tandis que les minutes s’égrènent et que l'on suit ce groupe de musique accéder à la renommée, on s'aperçoit que malgré tout, on ne vibre pas pour eux. Trop peu d'émotion est transmise à travers les difficultés que les quatre jeunes hommes traversent. On se surprend à observer le film avec un certain détachement clinique, faisant écho à la distance qu'Eastwood a mis dans sa réalisation.

Assurément, Jersey Boys est un bon film : la réalisation est celle d'un grand professionnel, les performances des acteurs sont plus que justes, le rythme est soutenu et on ne s'ennuie guère (ce qui est souvent l'écueil des biopics).
Cependant, le film manque cruellement d'une âme, ce petit quelque chose qui aurait pu lui faire accéder à la catégorie de films qui marquent au plus profond de l'être (ce que "Inside Llewyn Davis" des frères Coen, auquel je n'ai pas manqué de le comparer, a parfaitement réussi à faire).
SpiralPad
8
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le 22 juin 2014

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