Merci puissant Damballa pour la vie après la mort



  • Je n'ai pas d'amis. Personne ne veut jouer avec moi.

  • Moi, je suis ton ami. Ne sois plus triste !

  • Qui es-tu ?

  • Je suis un Brave Gars, Jean ! Et je serai ton ami pour la vie !

  • C'est vrai ? Tu veux bien être mon ami ?

  • Bien sûr ! Hiya ooh ! Hahaha !




Chucky, un ami pour la vie qui ne ne vous veut que du bien...



Jeux d'enfant réalisé par Tom Holland est le premier opus de ce qui sera une longue série de slasher surnaturel mettant en scène l'un des plus grands psychopathe luciférien du cinéma horrifique des années 80. Une histoire d'horreur qui trouve son origine durant une nuit enflammée dans un magasin de jouets, lorsqu'un flic descend le serial killer Charles Lee Ray (Brad Dourif) alias "L’Etrangleur de Lakeshore". Avant de rendre son dernier souffle, il utilise une incantation vaudou « Ade due Damballa » (Damballa, un des esprits les plus importants du monde vaudou) pour transférer son âme dans une poupée "Brave Gars". Un nouveau phénomène commercial ayant droit à sa propre série animée, ainsi que toute une floppée de produits dérivés jusqu'à des céréales, dont est fan le petit Andy (Alex Vincent), qui pour son sixième anniversaire veut son Brave Gars. Tu veux ton Brave Gars, mon petit ? Eh bien, tu vas l'avoir ! Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du Brave Gars possédé par l'esprit du meurtrier déséquilibré. Un jolie cadeau empoisonné qui va donner naissance à la légendaire poupée tueuse ! Une poupée démoniaque répondant au nom de « Chucky ».


Sur un scénario de Don Mancini, John Lafia et Tom Holland, l'on découvre la création d'une nouvelle entité du mal, qui va réussir à se faire une place malgré la rude concurrence de l'époque incarnée par divers croque-mitaines tels que Michael Myers (Halloween, la nuit des masques de John Carpenter), Leaterface (Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper), Freddy Krueger (Les Griffes de la nuit de Wes Craven)... Une figure maléfique qui n'est pourtant pas la première poupée meurtrière à voir le jour avec des titres comme "Dolls" de Stuart Gordon, "La Poupée de la terreur" de Dan Curtis... Malgré tout, une icône malfaisante voit le jour à travers une proposition qui trouve son origine avec le script de Don Mancini, "Blood Buddy", qui de réécriture en réécriture après des mois de passations va se retrouver entre les mains de John Lafia et Tom Holland pour aboutir au monstre mythique que l'on connait tous. Que le massacre commence !


Un récit d'horreur aussi efficace que divertissant qui sur une intrigue simple parvient à rendre un suspense haletant qui joue admirablement avec les attentes des spectateurs. Tom Holland englobe sa poupée d'un voile mystérieux où il faut attendre plus de la moitié du film pour la voir bouger. Avant cela, le cinéaste s'amuse, suggère et feinte le public en dressant une multitude de plans insinuant que la poupée est vivante. Une mise en forme qui favorise une atmosphère angoissante sur un rythme suffisamment rapide pour que l'inquiétude ne retombe pas. Jusqu'au point névralgique du film, avec la révélation au grand jour de Chucky. Une séquence terrifiante, durant laquelle la pauvre mère d'Andy : "Karen Barclay" Catherine Hicks), découvre au sol les piles de la poupée. Lentement, l'inquiétude se transforme en terreur par le biais d'un enchaînement de plans anxiogènes avec la poupée qui roule sous le fauteuil, jusqu'à l'ultime dévoilement.
« - Parle ou je te balance dans le feu !
- Pauvre connasse ! Sale pute ! Roulure ! Je vais t'apprendre à venir me faire chier ! »

Ma scène préférée. Un grand moment d'horreur !



Je m'appelle Chucky, je suis ton ami pour la vie. Hiya ooh ! Hahaha !



À partir de là, débute un slasher sans foi ni loi où Chucky va empiler les cadavres à travers une conduite violente à laquelle se greffe quelques traits d'humour noir.
« - Il est d'une laideur !
- J't'emmerdes ! »

Un humour suffisamment rare et maîtrisé pour ne pas faire sombrer la tension horrifique, ni les enjeux. De nombreux moments marquants se présentent à nous, comme lors du chapitre de la poupée vaudou durant lequel Chucky fait du sale. L'épisode de l'hôpital psychiatrique présente une traque suffocante et entraînante, où le pauvre Andy doit lutter pour survivre. La confrontation dans l'automobile entre Chucky et l'officier Mike Norris (Chris Sarandon) offre un passage mouvementé valable dans lequel on ne cesse de se dire d'un air amusé : « Gars, freine et arrête la voiture ! ». L'affrontement final situé dans l'appartement d'Andy, présente une longue conclusion généreuse en péripéties. Une confrontation mouvementée où la poupée fait preuve d'une ténacité alarmante. Chucky trouve une forme encore plus terrifiante dans une version carbonisée ; et finalement un brin ridicule, lorsque son corps continue malgré tout d'essayer de tuer tout le monde alors qu'il est en pièces détachées. S'ensuit un ultime plan figé avec une porte entrouverte où on peut voir Andy regarder derrière lui, se demandant si tout est bien terminé. Mon pauvre ami, tu es très loin du compte, et nous aussi.


Tom Holland montre un style de réalisation idéale pour retranscrire un maximum de sentiments préoccupants sur les expressions faciales de Chucky. Une poupée qui à travers ses traits sinistres évoque la peur. Un travail remarquable qui fait froid dans le dos avec des réactions et des mouvements qui interpellent le spectateur bousculé dans son confort sécuritaire. Une présence effrayante, pour une tronche intimidante et redoutable inspirée d'une marque de jouets fabriquée en 1985 par Hasbro : My Buddy. Une création que l'on doit au génie de Kevin Yagher, qui va livrer des effets spéciaux pratiques redoutables qui ne vieillissent pas beaucoup. Une conception savamment appuyée par les costumes d'April Ferry, sur les décors urbains ravagés de Daniel A. Lomino, que la photographie de Bill Butler finit d'englober pour offrir un contenu intelligemment retransmis par le biais d'un montage tendu que l'on doit à Roy E. Peterson et Edward Warschilka. S'applique la composition musicale préoccupante de Joe Renzetti, qui livre une partition qui dresse les poils du corps. Une équipe rondement dirigée par un Tom Holland qui nous offre un film d'horreur percutant.


La distribution est sympathique malgré une direction d'acteur qui n'est pas toujours très au point avec quelques performances mal jouées, mais rien de bien grave. Le jeune Alex Vincent en tant que Andy Barclay s'en sort très bien. Il transpire l'innocence et parvient à faire ressentir la peur qui le ronge devant la terrible poupée. Chapeau bas pour la comédienne Catherine Hicks, qui sous les traits de Karen Barclay livre une performance convaincante. J'adore Chris Sarandon pour son rôle dans "Vampire vous avez dit vampire", également de Tom Holland, mais il faut reconnaître qu'en tant que détective Mike Norris, le comédien surjoue. Enfin, Brad Dourif pour Charles Lee Ray alias "L’Etrangleur de Lakeshore", alias "Chucky", est plutôt caricatural pour le peu de temps qu'il apparaît à l'écran. Le comédien s'en sort exceptionnellement bien en tant que doublure de voix, qu'il prête à la poupée démoniaque. Fait connu mais qu'il me plaît de remettre en avant, le nom "Charles Lee Ray", est inspiré de célèbres tueurs : "Charles" pour Charles Manson, "Lee" pour Lee Harvey Oswald et "Ray" pour James Earl Ray.



CONCLUSION :



Jeu d'enfant réalisé par Tom Holland est un slasher surnaturel dans lequel les amateurs de frisson sont servis. Un film d'horreur culte, jouissif à souhait de par la particularité de ce tueur atypique qui en 1988 est instantanément devenu culte. Un emblème du cinéma horrifique à travers un film extrêmement divertissant. Lorsqu'il s’agit de poupées tueuses provenant du cinéma d'horreur, il y a une icône qui prédomine toutes les autres : « Chucky ».


Un grand classique de l'horreur !


Bonus :
Je tiens absolument à remercier « Oka Liptus », qui pour Noël m'a fait une agréable et attentionnée surprise en m'offrant ce film à travers une superbe édition Blu-ray combo + livret "Culte Édition".
Un grand merci à toi, mon ami.




  • Ade due damballa.

  • Donne moi le pouvoir, je t'en supplie !

  • Leveau mercier du bois chaliotte.

  • Secoise entienne mais pois de morte.

  • Morteisma lieu de vocuier de mieu vochette.

  • Endenlieu pour du boisette damballa !

  • Endenlieu pour du boisette damballa !


Créée

le 29 janv. 2023

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