Jin-roh - la brigade des loups prend place dans un Japon uchronique une dizaine d'années après la fin de la deuxième guerre mondiale. Des conflits constants entre civils et militaires ont donné naissance à une brigade spéciale, la brigade Panzer, formée de machines à tuer. Mais lors d'une mission, Fusé failli à son devoir lorsqu'il hésite à tirer sur une jeune fille, qui se suicide devant lui en faisant exploser une bombe.
Premier long-métrage d'animation de Hiroyuki Okiura, Jin-roh - la brigade des loups se veut d'emblée ambitieux en voulant réécrire le passé. À l'instar de La traversée du temps, La tour au-delà des nuages ou encore Your name. (films sur le temps/films uchroniques), étant beaucoup plus magiques et lyriques, Jin-roh propose un contenu sombre et plutôt malsain, sans limiter son côté sanglant avec un léger gore qui se fait ressentir.
Couplé à un côté graphique assez noir, le film fait contraster ses images avec ses paroles, toujours lourdes de sens. Le "je voulais tirer" arrive à former un quiproquo entre le film et les spectateurs, chez qui l'humanité est toujours présente. Le dialogue qui suit arrive à nous surprendre, car l'inverse de ce que nous pensons se produit. "Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?"
Okiura met également en avant la solitude du personnage, à travers des plans et une mise en scène toujours bien pensés. La scène dans le bus, avec d'un côté Fusé et de l'autre les passagers qu'il observe, étant le seul debout. Puis le traveling où on le voit, tourné vers la fenêtre tandis que les autres regardent de l'autre côté.
Son développement se fait par l'intermédiaire de flashs backs (à ce que j'ai compris - certains passages sont assez difficiles à comprendre) couplé à un visage toujours impassible qui semble perdu au loin. Sa prise de conscience, de décision entre devoir et vouloir, arrive à petit à petit à prendre forme, malgré une certaine lenteur.
Les métaphores et sous-entendus sont aussi très présents dans ce film. Que ce soit la poursuite avec les loups où lui-seul reste humain, ou encore le monologue de la fille sur le bâtiment détruit ; puis le cycliste qui passe sans même jeter un regard.
Les allusions aux loups et les métaphores entre chasseurs, humains et petits chaperon rouge cachent toujours une signification derrière. Pas souvent explicites, il nous faut quelques secondes pour comprendre de quoi il en retourne. Mais une fois comprises, la lourdeur des paroles nous tombe dessus et le sens caché derrière des mots apparaît comme révélateur.
Graphiquement, les décors sont toujours bien réalisés. Un côté sombre ressort facilement, les couleurs sont souvent froides et la luminosité assez basse. On peut d'ailleurs voir le contraste lorsque Okiura illumine à diverses occasions le visage et le paysage autour de la jeune fille.
Arriva la fin.
Dure à comprendre, cette fin. Dure à interpréter également. Un deuxième, voire troisième visionnage ne serait pas de refus pour pleinement appréhender les événements.
La fin contredit une grosse partie du film. Elle est intelligente et arrive à nous surprendre, mais laisse derrière pas mal de questions : Pourquoi ? Comment ? Est-ce que tout était prévu depuis le début ? Au final, on en vient à se demander à quoi ont servi les trois premiers quarts du film. Le twist ne coïncide pas avec le début, centré sur Fusé et la fille. L'intrigue se perd et dégrade le background du film, construit avec tant de bien que de mal. L'incompréhension surgit lorsque certaines vérités nous font face, et les questions s'enchaînent.
Jin-roh - la brigade des loups est plutôt un bon film. L'histoire en parallèle avec la narration du petit chaperon rouge est sympa, et la métaphore même du film se retrouve facilement. Mais persiste malgré tout une fin étrange contredisant le reste de l'histoire, manquant de crédibilité.