Ce documentaire revient sur le projet avorté de Dune par Alejandro Jodorowsky dans les années 1970, auquel il s'y consacra durant cinq ans. Après un rapide portrait du réalisateur de El Topo, ainsi que de sa personnalité fantasque, on a droit à des d'archives, et des entretiens de Michel Seydoux (le producteur), des techniciens, et bien entendu un Jodorowsky très en verve, avec une pêche impressionnante pour un monsieur de 84 ans.
Seul regret, l'absence totale de Moebius. Je sais bien que ce dernier est décédé en 2012, mais je suis étonné de ne voir aucune archive, son ressenti, alors qu'il fut l'un des pivots du projet, concevant un énorme storyboard de plus de 3000 dessins ! D'ailleurs dans le docu, on voit ce storyboard, dont on apprend qu'il en reste que deux copies, et ça a l'air de ressembler à un gros pavé, avec des illustrations sublimes, pour ce qu'on en voit.
Le spectateur assiste médusé à l'implacable échec annoncé du film, vu comme incroyablement audacieux par Jodorowsky, avec une B.O différente par planète, des tas d'acteurs envisagés (Orson Welles, Mick Jagger ou encore ... Amanda Lear !), pour un résultat qui, quand on connait la technique des années 70, n'avait pas la chance d'être concrétisé. On le dit avec un recul de plusieurs décennies, mais l’ambition affichée du film promettait d'être folle.
C'est ce qui a sans doute effrayé les studios américains (le budget annoncé était de 15 millions de dollars, une fortune à l'époque), ainsi que la personnalité très contestée de Jodorowsky, limite incontrôlable.
De tout ce désastre, il en ressort bien entendu un sentiment de gâchis, mais aussi une collaboration dans l'univers de la bande dessinée entre Jodo et Moebius qui sera très créative.
Dans ce documentaire remarquablement documenté, on note avant tout l'aspect iconoclaste de Jodorowsky, dont le charisme faisait soulever des montagnes à ses troupes, tel un général, et un redoutable sens de l'humour, qui note au fond une certaine légèreté dans ses propos ; bien que l'annulation du projet l'avait quelque peu abattu, il a su rebondir sur un autre univers, en l'occurrence la bande dessinée.