Partons pour Mars mais accrochez-vous lors de l'atterrissage. John Carter n'est pas le film qu'il aurait dû être.

Le film d'Andrew Stanton a pourtant de grandes qualités, à commencer par visuelles. Quand les premières images sont sorties, Star Wars a été évoqué, les quelques plans d'arène et de désert donnant un peu l'impression d'un croisement avec Prince of Persia. Il n'en est rien. Certes, il y a du sable mais la comparaison s'arrête d'autant plus là que certaines choses (notamment les engins volants) sont très éloignées de ce qu'on peut voir dans les films de George Lucas.
Et puis il ne faut pas oublier que John Carter le livre est un précurseur qui a servi de modèle. Une Princesse de Mars, premier volume du « Cycle de Mars », paru en 1917 a inspiré de Ray Bradbury et ses Chroniques Martiennes à James Cameron et Avatar en passant par George Lucas, Marion Zimmer Bradley ou Alan Moore pour ne citer qu'eux.

C'est donc bien John Carter qui est à l'origine de beaucoup de choses, et ce sont les autres films qui doivent lui ressembler, pas l'inverse.

Pour sa première tentative live, Andrew « Wall-E » Stanton a fait appel à son comparse, l'indispensable Michael Giacchino qui livre une très belle partition. Le réalisateur lui est très à l'aise avec ses personnages et filme aussi bien qu'il anime des robotos. Les scènes d'actions sont lisibles, prenantes (parfois violentes) et, au final, le spectateur s'en prend plein les yeux. Il parvient d'ailleurs également à tirer quelque chose de Taylor Kitsch, acteur habituellement moyen, qui fait ici du bon boulot. Peut-être que si, comme Brad Bird, il avait eu un Tom Cruise sous la main on aurait eu une performance de haute volée. Malheureusement, on doit se contenter du Gambit de Wolverine et de sa délicieuse amie, Lynn Collins, qui sont néanmoins mille fois supérieurs à un Dominic West impassible.

Alors si les acteurs sont bons et si la réalisation est belle, qu'est ce qui fait que ... ? L'histoire, ou du moins son écriture

Si John Carter est fidèle dans les grandes lignes à l'œuvre d'Edgar Rice Burroughs, les scénaristes y ont ajouté quelques trouvailles inutiles comme le médaillon permettant de se transporter sur Mars (ou Barsoom) et qui fera l'objet d'une quête. Dans le roman, John Carter « s'élève » vers la planète sans le moindre artifice. Tous les problèmes liés à ce genre d'objet convoité seront donc de la partie, même des scènes où le héros le fait tomber par terre et tente à de multiples reprises de le ramasser
Le médaillon permettra aussi d'introduire le personnage de Mark Strong, sorte de dieu local dont la race s'est déjà téléportée sur Terre et qui sera le grand manipulateur d'une guerre faisant passer le méchant Dominic West pour un second couteau manipulé. L'acteur n'étant déjà pas très bon, ça va enlever toute profondeur à son personnage.

S'ensuit un acte tout un longueur racontant l'arrivée de Carter sur Mars et ses découvertes. Si le rythme est assez soutenu pour ne pas ennuyer le spectateur, on passe beaucoup trop de temps dans cet environnement de départ aux dépends de l'intrigue principale. Il faut ajouter d'autres problèmes de choix narratifs allant dans le même sens : on se disperse, on s'éloigne de l'intrigue de base et on noie le spectateur dans des choses pas vraiment utiles.
Une fois cette histoire de départ bouclée, et alors qu'on pensait le film fini, on aura droit à un épilogue intéressant mais raconté à la va-vite permettant de justifier l'introduction du film mais aussi, plus largement, les aller/retours de John Carter entre Jarsoom et Barsoom. Cette conclusion est tellement torchée qu'on se demande un peu ce qu'elle fait là, à part prévenir qu'on aura sans doute droit à une suite.

Entre une première partie très longue à mettre en place, ponctuée de scènes inutiles et une fin certes intéressante mais torchée à la va-vite, on se demande que retenir de cette première tentative live pour Andrew Stanton. Le réalisateur a-t-il eu toute la liberté qu'il voulait ? Le film tel qu'il sortira en salle sera-t-il vraiment le director's cut ? D'autant que l'homme derrière Wall-E conseille sur Twitter de le voir en 2D pellicule plutôt qu'autrement...

Il est étrange qu'avec 250 millions de dollars de budget et l'histoire « à l'origine de toutes les autres » Disney ait choisi livrer un film si produit, si monté, si formaté et si mal vendu. On était typiquement face à quelque chose qui aurait pu être le Seigneur des Anneaux de la science-fiction. Mais on est passé à coté.
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le 3 mars 2012

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