Le retour du croque-mitaine s’avère encore une fois payant. John Wick 2 présente toujours une excellente qualité de mise en scène, de décors et de travail de la lumière. Avec un espace résolument plus large — miroir d’une intrigue qui elle aussi s’élargit — la mise en scène de Rome et des catacombes est par exemple très belle. Chad Stahelski décide de donner plus d’épaisseur à son personnage et surtout à l’univers qui l’entoure. Le film commence par une sorte de miroir inversé du premier, où Keanu Reeves essaie de refermer la porte entrouverte sur son passé en rangeant et rebouchant ce qu’il avait déterré. Bien sur sans succès, il est déjà retourné dans les ténèbres. On verra d’ailleurs sassez peu la lumière du jour, où seulement au crépuscule où à l’aube, sorte frontière symbolique que John Wick essaie désespérément de franchir.


Plus que la simple monnaie et l’hôtel sanctuaire (déjà de très bonnes idées), voilà John Wick au cœur d’un monde souterrain où les différentes organisation criminelles sont organisée selon des règles strictes et une hiérarchie vaste. John Wick est désormais non plus un gros poisson dans un bocal, mais un poisson moyen (mais légendaire) dans l’océan. Il ne fait plus simplement peur mais provoque également respect, voire jalousie. Le personnage perd donc un peu en charisme, là où le film gagne en profondeur. D’un simple film de vengeance brute et violente, Chad Stahelski élargit sa vision et présente un monde cohérent et complexe, avec ses alliances et ses jeux de pouvoir. Le film s’enrichit également d’un pont de vue casting, avec l’excellent Riccardo Scamarcio et Laurence Fishburne, qui cite un peu Ghost Dog (pour les pigeons) dans son mode de vie décalé et règne sur les bas-fonds de New York. C’est d’ailleurs l’ajout d’autres personnages plus intéressants - ou du moins plus bavards - qui compensent un Keanu Reeves de plus en plus renfermé dans sa coquille.


John Wick 2 est tout aussi un à regarder que le premier, avec ses excès et ses absurdités maîtrisées. On lui pardonne ses distorsions de l’espace temps et de la logique du monde réel —décidément cela ne choque personne quand on tue quelqu’un dans le rue devant eux. Le film monte donc encore un cran dans l’excès, mais maitrise la vague et même s’il joue sur une petite part d’autodérision, arrive toujours à conserver son rythme et son élan.

AlicePerron1
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le 30 mai 2019

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Alice Perron

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