Pamphlet pacifiste rempli de déséspoir...

Poignant. véritablement poignant. On se demande au début où peut aller un tel film, tourné en noir et blanc, sans action, avec une voix-off. Et pourtant on est tenu en haleine jusqu'au bout ! On alterne entre les scènes où Johnny, la "chose" réfléchit et commente en voix-off dans sa chambre, et les scènes en couleurs, qui correspondent à ses "évasions" (rêves, souvenirs, hallucinations). Bouleversant le fossé entre cette chose qui reste tout de même un homme et les gens qui l'entourent et qui ne le voit pas comme tel, mais plutôt comme un sujet expérimental. Toute l'essence du film prend corps dans la relation qui se noue entre lui et l'infirmière, et le point culminant dans la recherche d'un mode de communication, pour demander une seule chose : mourir. Bouleversant. Le film, cynique, désabusé, toute en douleur sourde, est un pamphlet énorme contre la guerre et la course à l'armement. Il ne manque parfois pas d'humour noir (Johnny dialogue avec Jésus qui ne peut rien pour lui), ni de critique vis-à-vis de la société US : quand Johnny se rappelle de son enfance, c'est empli de religion (omniprésente), de racisme (allusion aux indiens morts), de patriotisme exacerbé (prêt à mourir pour ton pays)... Seul bémol, le film, tourné dans les années "hippies" est très marqué par ce mouvement pacifiste. Il s'est donc en partie "kitschisé". Même si le message reste aussi fort, à certains moments, la mise en oeuvre pour le faire passer peut prêter à sourire. Mais la fin, empreinte d'un désespoir si sombre, calmera tous les esprits.