Je le vois comme une vision terre-à-terre du vilain si connu. Une représentation réaliste qui se suffirait à elle-même (sans suite avec le lugubre Batou). Un univers réaliste contenant une réalité exacerbée, celle de la psyché malade du sociopathe Arthur. Il ne fait aucun doute que la relation avec sa voisine est du domaine du fantasme, alors pourquoi pas le reste ? Les titres des journaux sans nuances - assez cartoon - pourrait être une simple projection, lui n'ayant connu que la dèche, il est en effet plus facile de supporter la vérité ou la culpabilité quand on se persuade que les autres ont le même vécu ou les mêmes déviations. Loser pathétique, son désir de réussite, de figure paternelle éventuellement, aurait fabriqué cette histoire hallucinée de lien familial. Son état de solitude extrême, de volonté de reconnaissance ou de gloire, concoctent une intrigue d'icône anarchique, le misérable clown devient symbole et produit du chaos fantasmé. Ou comment la comédie - ultime stratégie cognitive permettant de gérer une condition intolérable - peut se substituer à la tragédie par une vengeance sur la société/réalité ou par une récusation violente et active des lois humaines (comme l'empathie). Quand le clown gauche défonce le verrou de ces dernières, le Joker est lâché*.
Évidemment la balade des Wayne dans cette rue coupe-gorge vient briser cette interprétation mais tant pis.
*Loin de moi l'idée d'approuver tes danses macabres, mais si par un pur hasard tu tombais sur un Bezos ou que tu passais près de l'US Supreme Court...