L'enfant mort

Le curé perdu

Le jeune homme va endosser le métier de curé dans un petit village. Il va prendre très à coeur son nouveau devoir. Demandant aux gens bien trop qu'il ne peuvent savoir endurer.

Il fait la morale de par la hauteur de son statut et aimerait être à la hauteur de cette fonction. Donc il se limite à un régime drastique qu'il pense répercuter sur son éthique. Mais ses actions ressemblent bien plus à la diablesse de fille qui manipule qu'à celui d'un serviteur de Dieu qui accompagne. Son extrémisme va forcer la vieille femme à la tombe en lui faisant accepter la vérité en face. Car pour lui, il faut être lucide et franc envers les autres mais avant tout envers soi-même. C'est ce que les anciens vont lui reprocher. Son travail n'est pas mauvais en soi mais il n'est pas adéquat. Sa manière de faire est trop brute, trop académique.

Purgatoire d'un enfant qui cherche sa place

Il est plusieurs fois désigné comme un curé sans expérience, comme un enfant. Il ira donc chercher conseil chez le curé voisin. Il n'y a pas seulement le problème de l'expérience mais aussi celui de la place qu'on a dans le monde. Son ami, le curé lui dira :"Nous sommes tous appelé seulement pas de la même façon". Doit-il rester curé, devenir légionnaire ou arrondir ses fins de mois comme commercial ? Il n'arrive pas à trouver sa place dans ce monde. La fille du comte n'y arrive pas non plus mais elle n'a que faire de la morale et si elle doit faire du mal, se déshonorer, elle le fera. Ils sont antinomiques par essence. Le jeune curé se laisse dépérir.

La fatalité de rester soi-même

Malgré les conseils et les remontrances, il ne peut pas changer ce qu'il est. C'est un enfant idéaliste à qui l'on demande des travaux d'adultes qui peuvent gérer les compromis. On le voit donc déambuler dans la campagne, prier pour se réconforter, essayer de résoudre les petits problèmes, ce qui amène la paix intérieure. Mais elle ne vient pas. L'issue semble fatale à mesure que sa santé se détériore. Il profite donc des derniers moments de jeunesse, s'amuse à rêver d'un futur impossible et aide (enfin) son prochain en expliquant à son ami qu'un mariage avec sa copine est envisageable.

Il est plusieurs fois décrit comme le fils d'alcooliques mais on ne lui voit aucun handicap physique ou mental. La comparaison tient en l'inadapatbilité de cet enfant pour la vie et de la fatalité d'une mort qu'il désire sans doute.

Bresson a réalisé un magnifique film encore très actuel sur le passage difficile voir impossible de certains enfants vers l'âge adulte. Dans la difficulté de trouver sa place dans le monde, le remake de Schrader "Sur le chemin de la redemption" a eu la bonne idée de rajouter la question écologique, qui ne fait qu'emplifier à la jeunesse l'idée d'un futur impossible. "J'espère ne pas vous froisser en vous traitant ainsi d'enfant. Vous l'êtes. Que Dieu vous gardes tel à jamais."