Julie a 30 ans et, comme au temps de la fac où elle tanguait entre études de médecine, de psychologie et de photographie d’art, elle ne sait toujours pas ce qu’elle veut. A cet âge-là, il faut se mettre en couple, fonder une famille, à en croire son entourage. Oui, mais avec qui ? Et surtout, pour quoi faire ? Alors la jeune femme lourde son conjoint, le dessinateur à succès Aksel, trop sérieux, trop confortable, trop sûr de son chemin, trop dans la quarantaine aussi, pour mettre les voiles avec le plus jeune et hésitant Eivind.


Après Reprise en 2006 et Oslo, 31 août en 2011, Joachim Trier clôt à Cannes sa « trilogie d’Oslo » en signant Julie (en douze chapitres). Drôle, bouleversant, glissant entre les registres avec une fluidité admirable : sous des faux airs de comédie romantique, le film plastique avec une joie mauvaise mais communicative les injonctions sociales à être en couple ou à devenir mère. Ou raille tout simplement l’obligation de savoir où l’on va et où on l’on s’arrêtera quand on a à peine atteint la trentaine.


En résulte un magnifique récit d’émancipation féminine, à relier, dans un tout autre genre certes, avec l’éclosion de Thelma et ses super-pouvoirs dans le précédent film du cinéaste scandinave. Il n’est d’ailleurs pas anodin qu’une des (sublimes) scènes de révélation existentielle du personnage lui confère, au moins en fantasme, le pouvoir de figer le temps.


Mais qui dit grand film féminin dit grande actrice : Julie ne serait pas aussi riche sans son interprète Renate Reinsve, dont c’est le premier rôle majeur. La jeune femme apporte son énergie folle au personnage, à la fois amusante, bouleversante, agaçante, épuisante. Elle est le moteur incandescent qui fait vibrer Julie (en 12 chapitres). Cannes ne s'est pas trompé en lui remettant le prix d'interprétation.

Cyprien_Caddeo
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le 27 oct. 2021

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Cyprien Caddeo

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