La pire personne au monde mais en petite robe noire

Sur le papier, le film aurait pu me plaire ; dans la pratique malheureusement c’est raté.

Peut-être ai-je vieilli, peut-être que ce genre de sujet ne m’intéresse plus, ou peut-être que la redondance de leur traitement dans le cinéma occidental classico classique m’a lassée.


Toujours est-il que je n’ai pas été particulièrement émue par le parcours amoureux et personnel de cette trentenaire archétypale, qui n’existe nulle part ailleurs que dans l’esprit du réalisateur.

J’ai lu que le titre original du film était « Verdens verste menneske » littéralement la pire personne au monde. Alors oui, cette Julie était passablement agaçante mais ses méfaits m’ont semblé un peu trop lisses et convenus pour être digne de ce titre honorifique. Peut-être est-ce lié au fait qu’elle est en permanence sublimée, quoi qu’elle fasse. Toujours belle même la morve au nez, car elle sait se faire discrète. Toujours souriante, malicieuse, vêtue d’une petite robe noire ou d’un pyjama mieux coupé que mes fringues de tous les jours. Le temps s’arrête pour elle, tous les hommes la désirent. Certes elle erre de vocation en vocation, de job en job et d’homme en homme, mais par magie toutes ces choses sont malgré tout toujours disponibles pour elle. On essaie de nous faire croire qu’elle galère, et qu’elle se débrouille seule, parce qu’on nous parle d’un prêt étudiant, d’un job alimentaire, d’un père absent et même qu’à la fin elle vit toute seule dans un studio. Mais ne soyons pas dupes : il est impossible de s’incruster aussi bien à un mariage bourgeois sans en être soi même. Julie ne s’incruste pas, elle est parfaitement à sa place. Partout, tout le temps, elle est légitime et cohérente. Ce n’est PAS crédible. Je le sais car je suis (au moins en partie) cette fille sur le papier. Cette scène de mariage (et tout le film d’ailleurs) aurait pu être intéressante si ce personnage avait véritablement été cette étudiante issue d’un foyer modeste propulsée dans un monde qui n’est pas le sien, via son petit ami rencontré grâce à ses études d’art. Là il y aurai eu une vraie confrontation. À la place, on a une jeune femme qui se pose des questions qui n’appartiennent pas à son personnage. Et elles sont d’un ennui…


Pourtant il y a des passages intéressants, des petites phrases ici et là qui donnent de l’espoir, je pense notamment à la scène de dispute avec l’auteur de BD qui questionne la place de l’homme (plus âgé qui plus est) dans la relation. La scène de dérapage à la tv. Mais ces sujets sont simplement effleurés… je comprends la pudeur du réalisateur, et je n’attends pas non plus d’une œuvre qu’elle me donne des réponses toutes faites, mais il ne suffit pas de dire quelques mots clefs pour être crédible pour autant. Surtout sur des sujets politiques.

Au final, même si Julie est considérée par son ex comme la femme de sa vie, être de lumière extraordinaire avec qui il a eu les conversations les plus profondes et intelligentes, on n’en aura jamais la démonstration : il faudra le croire sur parole, et le réalisateur aussi.


Ludivio
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le 4 sept. 2025

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