Ce film m’ayant marqué durant mon enfance, je n’ai pas hésité à aller le revoir lors de sa ressortie 3D, que j’avais lue comme étant réussie. Et réussie la conversion l’est : la profondeur est étonnante, et les dinosaures déjà incroyablement plus vraies que nature, le sont encore d’avantage ! Le tyrannosaure rex, impressionnant et effrayant qui sort de l’enclos, s’approche des voitures à l’arrêt, devant des enfants terrifiés et des adultes médusés. Le sol qui tremble, sa longue queue qui se balance, le réalisme poussé jusqu’à faire apparaître chaque mouvement de muscles, et son horrible cri à glacer le sang. Les vélociraptors, autres redoutables dinosaures célèbres de la trilogie, ne sont pas en reste. Chaque fois que l’un deux fonce sur sa proie l’effet est amplifié par la profondeur. Là encore on jurerait des vrais, avec les mouvements du cou et les yeux qui s’adaptent. La scène de cache-cache dans la cuisine est un monument de terreur, et m’avait paru insoutenable la première fois. La peur primaire de se faire dévorer, surtout pour des enfants, d’horribles monstres se tenant tout proche, prêt à bondir…
Mais les dinosaures, ce ne sont pas que de redoutables prédateurs, c’est aussi un rêve fou. Un émerveillement amplifié par la magnifique mélodie de Johns Williams (le genre de musique de film qui reste en mémoire) à l’arrivé sur l’île d’Alan Grant. Et la vue d’un énorme diplodocus, son chant mélodieux, puis de toute une prairie remplie de différentes espèces, comme si l’on avait remonté le temps à l’ère du crétacé !
Le film amène à considérer les dinosaures autrement que de grosses bêtes stupides. Ainsi les raptors sont de redoutables prédateurs, s’adaptant à leur environnement, élaborant à plusieurs des techniques de chasse élaborées. Les films suivent ainsi les dernières avancées scientifiques. Ce qui n’est qu’une théorie avancée dans le film (les dinosaures ayant évolué en oiseaux), est aujourd’hui confirmé. D’ailleurs la scène finale du départ de l’île, ou le groupe aperçoit des oiseaux, est un clin d’œil à cette théorie.
Sortit il y a déjà 20 ans ( !), le film n’a pas pris une ride. Les effets spéciaux impressionnants à l’époque le sont toujours, on peut difficilement imaginer faire mieux que le maître Spielberg.

Alan Grant est un expert en paléontologie, mais qui a bien du mal avec le progrès. A l’extérieur d’un terrain de fouille, il n’est pas très à l’aise. Et il supporte péniblement la présence d’enfants. Alors lorsqu’il se retrouve avec des dinosaures en liberté ramenés par la science, en compagnie de deux enfants chamailleurs, autant dire qu’il n’est pas prêt d’oublier le voyage ! Avec les sarcasmes de Malcom et les disputes des enfants, le film comporte ainsi plusieurs bons moments de comédie.

Revu plusieurs fois, ce film m’a marqué plus tard pour d’autres raisons, à savoir toute la réflexion abordée autour de la science et de l’éthique. Peut-on faire quelque chose juste parce que l’on peut ? A-t-on le droit de le faire ? De jouer à Dieu ? N’est-ce pas manipuler des puissances qui nous dépassent ? Comme l’a justement remarqué le sarcastique docteur Malcom : la nature ne s’enferme pas, elle s’étend, s’adapte. Elle trouve toujours un chemin pour se libérer. Et en effet, les scientifiques avaient bien veillé à ne faire naître que des femelles, le mélange avec l’ADN de grenouille (en tant que biologiste cela m’a fait plutôt rire) a entrainé comme effet imprévu un changement de sexe. De plus, les scientifiques ont recrées d’anciens écosystèmes que l’on ne connait pas entièrement, avec le risque d’avoir des problèmes, comme en témoigne le tricératops malade. Pour autant, on aurait bien du mal à en vouloir au sympathique John Hammond. Ce milliardaire n’est qu’un grand enfant, certes qui ne réalise pas toute la portée de ses actes, mais pas malveillant. Ce qui n’est pas le cas de l’avocat qui ne voit dans ce parc qu’une opportunité pour s’enrichir, et surtout l’entreprise rivale et le technicien corrompu, à l’origine de la catastrophe. On a là un parfait exemple d’une idée géniale à la base (quoique éthiquement douteuse dans ce cas présent), censé dépasser nos limites - surtout que la technique peut être utilisé pour ramener des espèces disparues à cause des activités humaines- qui est pervertie par l’avidité de ceux qui ne jurent que par l’argent. Ce n’est pas le progrès qui est dangereux, c’est l’utilisation que certains en font.
Une réflexion d’actualité à l’heure où les progrès en biotechnologie et génétique permettent déjà, en théorie, d’envisager ce qui auparavant n’était que de la science fiction. Par exemple le scientifique consultant des films pense qu’il est possible de créer un être ressemblant à un dinosaure en influant sur le développement des oiseaux (l’espèce la plus proche). Alors pour ou contre ?

Bien sur on peut reprocher au film quelques défauts. Deux humains parvenant à résister à la force d’un raptor, et surtout l’arrivée providentielle, véritable deus ex machina, du tyrannosaure pour sauver le groupe des raptors, mais ces défauts prêtent plus à sourire qu’à s’irriter.

Divertissement sympathique, scènes terrifiantes, dinosaures impressionnants de réalisme, réflexion pertinente sur la science, Jurassic Park est un bon film pour plusieurs raisons, et j’ai même envie de dire, au regard de toutes ses qualités, un grand film, à l’énorme succès mérité, alliant les grandes qualités du cinéma : divertissement, émerveillement et réflexion.
Enlak
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le 15 mai 2013

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