La justice est un thème qui traverse la filmographie de Clint Eastwood depuis des années. Quoi de plus logique que de terminer sa carrière de réalisateur (a priori) sur un film dont c'est le sujet principal ?
Eastwood le surligne dès le début du film avec son plan sur la statue de la justice : il va se questionner sur les institutions et leur capacité à faire ce pour quoi elles ont été créées.
On nous le présente comme un chic type ce Justin, même s'il a un passé difficile, et on a envie qu'il ne lui arrive rien. D'un autre côté, comme on sait qu'il y a un autre gars qui n'est pas coupable de l'homicide pour lequel il est inculpé, on a aussi envie qu'il s'en tire. Mais le film vient nous questionner sans cesse à travers ces personnages sur le fait que dans le système judiciaire - américain en tout cas - il y a aussi des motivations politiques chez les avocats, une différence de moyens chez les uns et les autres et que ce n'est pas le temps la vérité qui est importante mais le fait que d'un point de vue moral, il est bien tentant que ce qui semble évident devrait se substituer à cette vérité.
On est sur une affaire où il y a clairement des soucis dans l'enquête dès le départ, où les écarts avec ce qui est autorisé dans ce contexte sont très nombreux. Mais je trouve que cela vient enrichir le film thématiquement et dans son intrigue. Avec la photographie un peu triste devenue habituelle chez Eastwood et la mise en scène très académique mais impeccable pour mettre en avant le jeu des acteurs, tout est signifiant dans le film et je trouve très juste, sans mauvais jeu de mots.
J'ai été charmé, c'est un très beau film, bien plus classique formellement que les très bons films de procès sortis ces dernières années (je vais être un peu chauvin en citant comme exemples Anatomie d'une chute et Saint-Omer), mais très bien tenu.