Le film commence, avec Noël Roquevert et son accent du terroir, comme une pittoresque comédie rurale à propos de distillations clandestines vues comme un incontournable de la campagne (normande). Mais, très vite, on s'aperçoit que le réalisateur Maurice Labro est en mission et qu'il poursuit un but plus sérieux: la dénonciation de l'alcoolisme en tant que fléau social et culturel. Et la Normandie n'en sort pas grandie! La population villageoise ne semble constituée que de péquenots arriérés et poujadistes qui campent sur leurs traditions.
Pour nous convaincre de l'urgence à changer les mentalités, Labro met en scène une intrigue de bandits et gendarmes sous l'apparence d'un trafic de fûts, de type mafieux carrément, avec pour scène épique et moment de bravoure au coeur du film une longue course-poursuite nocturne dans la forêt normande entre les forces de l'ordre et un convoi de fraudeurs.
Un autre point de vue est celui de la nouvelle institutrice, obligée de sévir contre l'introduction par ses élèves dans la classe de leur bibine quotidienne (café-gnôle!). Cet approche accessoire donne lieu une scène stupide où la vieille et agressive directrice d'école, attachée à la tradition,
force la petite nouvelle à boire un grog.
C'est une des séquences maladroites de ce film édifiant -pas du tout un nanar d'ailleurs- à voir surtout comme le reflet d'une époque, d'usages archaïques d'un côté et de préoccupations sanitaires de l'autre. Le film manque de subtilité dans l'action comme dans le message pédagogique. C'est même assez lunaire lorsque, pour dernier mot, le curé du village fait la morale à la directrice d'école...