Espéreront que ce ne soit pas la fin du génie de Dolan.


Après nous avoir éblouie avec Mommy en 2014, était il possible de faire mieux? Peut être pas tout de suite... Car Juste la fin du monde est, rappelons le, l'adaptation d'une pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce, qu'il tente d'apprivoiser avec son propre style. Premier signe que ce ne sera pas du 100% Dolan authentique.


Généralement, les films comme ceux de Xavier Dolan, avec une esthétique et des thématiques personnels et marginales, divisent profondément les critiques. Soit on adhère à son coté très égocentrique, exubérant, grandiloquent ou on rejette radicalement. La demi-mesure ne fait pas non plus parties de sa mise en scène, ou tout se jouent dans les plans rapprochés, les ralentis, la musique omniprésente et un rythme crescendo.


Jusqu'à présent, j'admirais sa manière anticonformiste de réaliser, avec des films comme J'ai tué ma mère, Les Amours imaginaires, Lawrence Anyways, qui m'avaient profondement marqué par leurs sujets respectifs et le point de vue mise en excerbe. Pour ces films suivants, je craignais qu'il finisse par se retrancher, ou qu'il ne trouve plus rien à dire et que les sujets deviennent trop répétitifs. Mommy m'avait prouvé le contraire. Juste la fin du monde est pourtant une déception inattendue.


Tour d'abord avec le choix d'un casting peut être trop conséquent. Ce mélange d'acteurs tous aussi importants pour jouer pourtant des personnages caricaturaux. Tellement poussé dans les extrêmes qu'au final aucun d'eux ne tient vraiment le film. Léa Seydoux joue l'adolescente naive et rebelle. Nathalie Baye en mère exubérante, mais loin du modèle d'Anne Dorval dans Mommy. Marion Cottilard, exaspérante, dans ce rôle de femme soumise, à l'ombre de son mari. Et Vincent Cassel, a qui les rôles de connards collent à la peau. Même Gaspard Ulliel, dans sa prestation très belle de Louis, ne sert que de projection du réalisateur, et n'a finalement pas grand chose de profond à raconter.


Un rythme de plomb que des musiques larmoyantes ne font qu'appesantir. Alors que certains dialogues sont parfois percutants voir bouleversants, Ils sont ensuite rattrapés par des banalités ou des silences perturbants. Ça en devient même vite risible, quand les deux personnages introvertis, Louis et Catherine, s'adressent ces longs regards lourds de sens.


En effet, le sujet du film est le manque de communication et d'échange au sein même du foyer familiale. Mais ce sujet si intime et personnel prends est traité dans l'éxacerbation. On s'attend à des révélations tonitruantes au milieu de ce bordel familiale.
Surtout avec un personnage aussi bruyant qu'Antoine (Vincent Cassel) qui semble avoir compris la venu de son frère mais dont la fierté empêche d'exprimer ses sentiments.


Mais ce drame se veut initialement plus intime et pudique. Un huis clos avec une révélation terrible s'avère en adéquation avec cette esthétique et sa mise en scène grandiloquente. Les personnages au contraire de ces précédents films n'atteignent pas le moment de liberté, de révélation tant désiré. La scène final de l'oiseau qui meurt m'a semblé être l'allégorie de trop.


Ce film s'avère donc une déception, car trop plat, sans profondeur, aucune étincelle. Et malgré des artifices toujours aussi pompeux, je n'ai rien ressentit d'aussi bouleversant que dans ces précédents films.

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le 21 sept. 2016

Critique lue 540 fois

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LeCiné Calorix

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