On a les abonnés qu'on mérite ; une de ces charmantes personnes m'a parlé de John Flynn, réalisateur que j'aime bien, notamment pour Rolling Thunder ou Échec à l'organisation, deux films bien burnés, et il me dit que si je n'avais pas vu Justice Sauvage, avec le saumon agile, il estimait que ma cinéphilie n'était pas complète. Piqué au vif, je me décide à voir ce qui est son quatrième rôle au cinéma.
Steven joue un flic qui veut venger la mort de son meilleur ami, en décimant la moitié de Brooklyn, au minimum, et notamment un méchant joué par un William Forsythe cocaïné.
J'ai lu sur l'Internet moderne que Justice sauvage serait le film le plus proche des aspirations de Luis Bunuel s'il aurait connu Steven Seagal, tant le surréalisme est là. Car il faut dire que c'est très court, et également absurde, car il est bien connu que l'acteur n'a pas une once de dérision, et a bien du mal à ne pas faire froncer en permanence ses sourcils, ce qui est un art en soi. Alors, il dézingue du méchant à tout va, dans des scènes d'action il où donne encore un peu de sa personne, avec sa queue de cheval, en tabassant des gredins avec une boule de billard dans une serviette.
Le réalisateur John Flynn a eu énormément de mal à bosser avec Steven, qui mettait sans arrêt le tournage en retard du fait de ses absences, et c'est lui qui nous vaut ces scènes à peu près torchées, où il y a là aussi de la burne à tout va, notamment lors du gunfight final à base de fusil à pompe et de tire bouchon.
Les femmes sont encore une fois inexistantes, dont la fonction se rapproche de la prostitution, avec Gina Gershon qu'on aperçoit, mais Steven n'a pas le temps de les honorer ; il est occupé à péter des bras et (littéralement) des jambes, et a même le temps de recueillir un chien qui a été jeté d'une voiture dans un sac poubelle ; quel homme !
Avec Piège en haute mer, Justice sauvage est sans doute à classer dans le haut du panier Steven Seagalesque, sans son catogan ni son triple menton, car j'avoue ne pas avoir le courage de voir ses DTV tournés dans les pays de l'Est, où j'avais vu des extraits où il est constamment doublé pour ses combats, où même sa voix ! Là, c'est écrit avec les pieds, mais on peut y prendre un certain plaisir pervers.