Le sang coule à flot, et l'on en redemande...

Kill Bill fut mon premier Tarantino, et autant dire que la découverte fut des plus jouissives ; en deux volumes, le célèbre cinéaste à l'origine de Pulp Fiction se fendit d'une odyssée sanglante immensément jubilatoire, tout en réinventant une fois encore le genre du film de gangster, ce à quoi ne saurait d'ailleurs être réduit Kill Bill.


Et si les deux volumes ne peuvent exister séparément, tant ils sont complémentaires (un seul film était à l'origine prévu), il subsiste des variations de ton les différenciant, la première partie arborant bon nombre de références japonaises ; c'est sur ce point que Kill Bill premier du nom place la barre très haut, tant il s'approprie avec une aisance et une classe folle celles-ci, lui permettant dès lors d'étoffer son intrigue vengeresse en lui faisant quitter le domaine du commun et autre banal.


On tient donc un film de sabre japonais (chanbara), mais pas que, le récit suivant la revanche d'une Mariée pas comme les autres, ex-membre d'une unité d'assassins l'ayant laissé pour morte ; le scénario aurait donc pu être ordinaire, mais il gagne en originalité au fil de ses inspirations classiques, doublé d'une réalisation de haute volée.


Dans la forme Kill Bill est en effet une claque viscérale, le visuel arborant une forme décomplexée, atypique et savamment maîtrisée ; les chorégraphies de combat sont toutes somptueuses, mais versent aussi avec efficacité dans une exagération recherchée (le bruitage des coups notamment), à laquelle s'ajoute un penchant avéré pour le gore, des effusions de sang grandiloquentes parsemant à n'en plus finir le long-métrage...


On songe donc notamment au long combat opposant notre femme vêtue de jaune (hey Bruce) face à O-Ren Ishii (hey Lady Snowblood) et ses innombrables sbires, sommet d'intensité nous offrant un sacré bain de sang, auquel succède une confrontation brillant d'une tension et d'une beauté à couper le souffle.


Loin de nous déboussoler, la narration tortueuse empruntée par Kill Bill nous livre d'ailleurs d'entrée de jeu un affrontement annonçant la couleur (Vernita Green), et peu avare en dialogues bien sentis, prémices de personnages crevant tous l'écran ; il est à noter également l'insertion d'une séquence animée, qui au delà de sa portée scénaristique et de son sacré trait, prouve d'autant plus la maîtrise affichée par le long-métrage en mêlant tant de fameux genres entre eux.


Il va donc sans dire que l'on ne s'ennuie aucunement, et il convient d'approfondir le point des personnages : la Mariée est en l'espèce une figure principale mémorable, de quoi truster la première place du classement des meilleures héroïnes, Uma Thurman se fendant en l'occurrence d'une prestation tonitruante ; la galerie de protagonistes secondaires est également des plus inspirées, on oscille avec joie entre personnalité barrée et charisme ambulant, à l'image d'une O-Ren Ishii exquise, campée par l'excellente Lucy Liu, tandis que l'on apprécie grandement l'apparition d'une Elle Driver sifflotant avec délice...


Et si l'on ne fait qu'entrapercevoir Budd et l'illustre Bill, objet suprême de la quête de l'ex Black Mamba, on peut aussi citer le très sympathique Sonny Chiba, avant d'en venir au dernier point incontournable pour parler de Kill Bill : la soundtrack.


Une marque de fabrique pour qui connaît Tarantino, tant celui-ci à pour habitude de doter ses œuvres de BO démentes, et Kill Bill n'échappe pas à la règle, oh que non : la claque filmique lui doit beaucoup, le long-métrage gagnant en dimension, intensité, dramatisme ou que sais-je encore au fil de cette soundtrack endiablée et littéralement orgasmique... il est donc peu dire que l'effet est des plus réussis.


Bref, Kill Bill est un Tarantino pur jus, et probablement son meilleur cru (en lui incorporant le deuxième volume) : tout y est parfait, original et foutrement captivant, franchement quel pied même après plusieurs visionnages... une référence unique en son genre du 7ème Art.

NiERONiMO
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le 19 nov. 2014

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