Ce film qui se présente comme un hommage aux tribus indiennes, presque un mot d'excuse aux Osages, ne me semble pas cocher les cases nécessaires pour remplir ce rôle. Il a au contraire tout pour normaliser la situation et il pèse une lourde fatalité sur ce film trop long.
Tout d'abords, le fait de nous présenter des amérindiens riches employant des domestiques blancs semble remettre les compteurs à zéro, les indiens en ont bien profité aussi et le génocide des tribus qui peuplaient l'Amérique ne tient pas sa place, n'est qu'à peine évoqué. La population de cette petite ville est mixte, indiens et colons se côtoient apparemment sans histoire. On se concentre sur une famille de colons aussi influente que malveillante qui vampirise une mère indienne fortunée et ses filles. Débarque Léonardo qui oscillera entre les deux en toute hypocrisie, restant un personnage très hermétique malgré ses effusions de pathos et emportements.
La résignation l'emporte toujours face à la mauvaise foi et là encore, avant qu'il n'y ait de réaction emprunte de justesse, il faut être frappé de plein fouet car l'idéologie ne suffit pas pour combattre l'injustice.
On assiste pendant plus de trois heures au triomphe de l'hypocrisie avec d'un coté l'oppresseur immoral, impitoyable faux-cul qu'incarne un Robert de Niro plutot convainquant et de l'autre les victimes aux âmes sensibles et respectueuses, petit à petit exterminées.
La forme de ce mea-culpa aux amérindiens est un peu tordue, la fait que Leonardo soit pris dans un drame avec la perte de sa fille ne fait que souligner sa totale absence d'empathie pour tout le malheur qu'il a pu générer auparavant. Cette perte le pousse à témoigner contre son oncle et non les horreurs du colonialisme. La position héroïque de "celui qui témoigne" est vite contrebalancée d'un mensonge par omission que pointe sa femme. Il faudra qu'il soit tricheur jusqu'au bout ! Même si le film est long et mou, il garde bien la signature de Scorsese, ne fut-ce que par son casting mais aussi par ce double jeu, cette partie de poker où s'affrontent chacun pour soi ses personnages.
Il y a une tension continue durant tout le film, une tension sourde liée au mensonge omniprésent, un mensonge normalisé qui est aussi celui de ce "mea-culpa" fait aux Osages...