Le cinéaste adapte l'enquête du journaliste David Grann sur une série de meurtres commis dans les années 1920 au sein d'une tribu amérindienne enrichie grâce au pétrole. Une fresque remarquable sur les terres d'un génocide, miroir de l'histoire de l'Amérique.
À l'intérieur du film, il y a cette histoire conjugale qui est plus passionnante, qui parle d'une manipulation qui peut tout à coup accoucher d'une ambiguïté où le lien qui naît entre Gladstone et DiCaprio, est vénéneux. On passe de la manipulation à une forme de tendresse, voire d'amour.
DiCaprio incarne un lâche sublime, torturé, manipulable...
Enfin, le film est traversé par une profonde mélancolie.
J'en ai terminé pour les point positifs.
Cependant :
-Scorsese cède à la tendance des films hollywoodiens d'être de plus en plus longs. 3h26. Une histoire qui aurait pu être racontée en 2h ou 2h30 maximum. Pourtant Scorsese n'est pas un simple "faiseur" à qui un studio a confié le soin de réaliser un film avec un cahier des charges précis et pesant. 3h26... le résultat inévitable est qu'il n'en ressort pas véritablement de scène saillante marquant les esprits, la narration devient pataude, patauge et ressasse. Finalement, le film manque de rythme, toujours menacé de s'essouffler ou de perdre l'attention du spectateur par moments.
Autre problème, le film n'épouse aucun point de vue. Il aurait été intéressant de suivre l'évolution l'un des deux personnages du couple. Cela aurait donné une colonne vertébrale plus ferme au film.
Enfin, Scorsese cède là encore à la mode des films hollywoodiens, notamment les blockbusters : la réduction de la palette chromatique. Scorsese nous livre une patine monocorde, une esthétique grise/marron, suivant la tendance générale de l'affadissement esthétique des films.
En conclusion, un très bon film, qui aurait les qualités pour devenir un classique, mais un film dans lequel le réalisateur s'interdit une audace qui aurait été pourtant bienvenue et salutaire.