...La Perle dans l'Océan...Souviens-toi de la Perle...

Knight of Cups du très rare Terrence Malick, dont les apparitions doivent à peine plafonner la fréquence d'apparition de la comète de Halley.


Terrence Malick est un réalisateur rare mais dont le visuel est tellement marqué que ça marque pour des années. En fait, Knight of Cups a un visuel semblable à un banquet, considérez que vos yeux sont votre estomac, après ça vous êtes gavé (en bien). Une fois suffit, d'ailleurs il est très probable que je refuse de le revoir avant un sacré bout de temps, alors je le critique maintenant ou jamais.


Knight of Cups raconte...ou plutôt montre visuellement les dérives d'un homme dans le système de vie artificiel d'Hollywood. Le pauvre homme va vite oublier ses repères, et se laisser "noyer" dans la folie des fêtes de l'hédonisme.


Si il y a une chose que l'on remarque bien vite c'est que...les dialogues c'est pour les mauviettes. Terrence Malick ne fait exprimer le personnage principal uniquement à travers la voix off, et la voix off est assez rare dans ses propos étant donné qu'il ne s'exprime pas ou presque sur ce qui se passe actuellement devant nos yeux, plutôt des réflexions nihilistes gravitant autour de ce qui se passe.
Et c'est peut-être ce qui déroute le plus, car au final on peut perdre notre temps à tenter de chercher une signification à tout ce qu'il dit. plutôt qu'à observer les dérives de cet homme.


Et chercher la signification du titre et du système de chapitrage du film sous forme de tarot divinatoire déroute complètement si on n'y connaît rien à cette pratique. (Perso, connaissant la réputation de Malick, je m'attendais à un parallèle avec le Saint Graal salutaire cherché par le gars qui dérive. Quoi ? J'ouvre mon esprit à toute possibilité).


Mais en cherchant une signification à tout ceci, je me suis perdu et me suis dis que ce film m'a battu intellectuellement...et finalement, peut-être que c'est simple en vérité. Car il y a des choses tellement simple que l'on doute de la simplicité, et de toute façons, il est impossible, impossible d'avoir un seul niveau de lecture pour un film pareil, mon interprétation sera une interprétation comme une autre. Terrence Malick est visiblement un homme trop compliqué pour essayer de le comprendre en tentant de se mettre dans sa tête.


Nous voyons les dérives de cet homme travaillant à Hollywood qui nous explique au début comme une accroche:



Un roi de l'Est a envoyé son fils un chevalier, chercher une Perle
dans l'Océan à l'Ouest en Egypte. Mais le Chevalier a bu dans une
coupe qui lui a fait oublier sa quête



Et nous voyons plus tard notre homme être désigné par la carte de Tarot "Chevalier de la Coupe"
J'ignore si montrer la carte possède un double sens (je ne connais pas les règles du Tarot Divinatoire), mais on comprend directement avec les premières scènes que l'Homme est le Chevalier qui a bu à la Coupe d'Hollywood et a oublié la "Perle". Noyé dans cette vie de luxure, il se laisse happé par toute les dérives morales.


Ce que je remarque, c'est que le héros possède un étrange lien significatif avec l'eau. Que ce soit avec l'omniprésence des piscines à Hollywood, la magnifique plage, l'aquarium, des jets d'eau ludiques sortant de terre ou tout bêtement une fuite d'eau après un séisme. J'y reviendrai.


Ensuite, que ce soit sa femme, une strip-teaseuse, une parfaite inconnue ou n'importe quelle autre femme. Un lien fort se forge pour faire une brasse dans une piscine, une longue ballade sur la plage ou une excursion à l'aquarium.


Mais malgré cette étrange omniprésence de l'élément aqueux. Il forge un lien fusionnel avec des femmes, tente de recoller les morceaux avec un père grincheux et un frère tendu.


Toute cette omniprésence d'artificialité se combine avec l'incroyable façon de filmer de Terrence Malick. La caméra est constamment en mouvement derrière le pauvre homme est fait des bonds de quelques secondes dans le temps. Et les endroits visité par le personnage principal vont d'un aspect de palais royal à du luxe aseptisé. Le tout de la narration est ponctué de rares anomalies en aberration de ce que nous imaginons. Comme une femme jouant de la harpe, une femme en robe du XVIIe, une femme avec un étrange vélo d'une autre époque, ou un plan fixé sur une femme qui semble accrochée à une barre en mouvement dans des rues de ville parsemée de lumières de partout.
Un seul groupe lexical de mots me venait en regardant ce gracieux enchaînement d'images: Onirisme, rêve, irréel...


Et le film présente des plans où les enfants font une présence trop significative pour être négligée. Cet homme que nous suivons, semble porter une envie de devenir père.


Toute cette onirisme et ce festin d'images montre un homme en constante perdition malgré son apparence censée et en possession de ses moyens. Mais les lieux comme la plage, ou la nature dans des déserts ou au contact de l'eau semblent conférer à cet homme une euphorie marquée. Loin des fastes d'artificialité d'Hollywood probablement.
(Terrence Malick ne s'est jamais caché avoir une profonde admiration avec la nature).


Toutes ces informations combinés, m'ont donné ma propre interprétation de ce film.


Rick, incarné par Christian Bale, est le Chevalier qui a bu à la "Coupe" de la luxure d'Hollywood. Il se laisse happé par ce désert "d'Egypte" d'Hollywood artificiel. Le privant du bonheur et faisant de lui un homme en perdition censé chercher la moindre once de bonheur où il peut la trouver. Au point de trahir des règles morales comme le mariage, allant jusqu'à rendre sa femme malheureuse. Il se trouve perdu au point de ne même plus chercher ce dont il a besoin



Il ne cherche pas l'amour, mais la sensation d'amour.



Son contact très profond avec l'eau démontre une envie de retrouver l'euphorie là où le Chevalier de la Coupe cherchait la Perle dans l'Océan.


La Perle représente selon moi, le bonheur qu'il cherche. Une de ses femmes avec qui une relation devient importante se trouve toujours avec lui dans l'eau. Sur cette plage au contact de cet Océan de l'Ouest.
Mais la Perle sont-ce les femmes ou les enfants ? Veut-il être père ou renouer un lien amoureux ? Le Bonheur, de quelque forme que ce soit, c'est cela qu'il cherche. La Coupe d'Hollywood le lui a fait oublier dans cette tempête de fêtes et joyeux drilles.


Le Chevalier de la Coupe est un homme en perdition.
La Coupe est la luxure d'Hollywood.
La Perle est la quête oubliée du Chevalier.


Autre chose qui est significatif. Il n'y a pas de "fin" dans ce film. Seule la situation et la compréhension de Rick est ce qui justifie ce festin. Un homme perdu, pas de but. Donc, pas de fin. A l'image de la quête du Chevalier de la Coupe.

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le 19 déc. 2015

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Housecoat

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