C'est surtout ça qui nous emporte : le monde tel que sait le voir et nous le montre Malick est très, très beau. Une telle beauté (de la nature, des réalisations de la civilisation humaine) révèle forcément un dessein. Impossible que derrière toute cette beauté, il n'y ait pas Dieu, un Dieu d'amour, qui nous comble du bienfait qu'est la vie. C'est ce que nous murmure Malick. En tout cas, c'est ce que j'ai retenu, compris de son tout dernier film, lequel rappelle souvent, je trouve, The Tree of Life ; esthétiquement parlant, on pourrait prendre des scènes de l'un et les inclure dans l'autre. En revanche, la "construction", si on peut en la circonstance employer ce terme, est différente. Knight of Cups s'égrène en chapitres, dont les titres sont parfois les noms des lames majeures du Tarot (je cite de mémoire : "La Papesse", "Le Pendu"...). Le film est écrit et réalisé par Malick, dans un style Malick dernière manière : tout passe par l'image, il n'y a quasiment pas d'histoire, pas de péripéties, très peu de mots et encore moins de dialogues : "un homme (Christian Bale) est scénariste à Hollywood, il aspire à autre chose, il se sent perdu, il ne sait quel chemin prendre", c'est l'indication qui nous est donnée par (probablement) Malick comme fil conducteur de ce qu'on voit pendant ces presque deux heures de projection. On nous montre le père et le frère du héros, les deux, trois femmes (notamment Cate Blanchett et Nathalie Portman) qu'il a aimées ou qu'il aime ; des images sublimement belles d'un monde souvent très peu peuplé, baigné de lumière. La musique (originale) est, elle aussi, très belle. Que dire d'autre ? Personnellement, j'ai aimé. Je n'ai pas tout compris. Je pense que j'irai le revoir une troisième fois. Je pense que c'est un must pour les cinéphiles. J'écris ça "à la volée", j'ai bien conscience que c'est un peu faible, j'y reviendrai sans doute.
J'ajoute enfin qu'il y a un contraste terrible entre le monde esthétiquement parfait de Malick (même quand il nous montre une jambe bouffée par la gangrène ou une main privée de doigts) où la présence de Dieu est quasi incontestable et... les images mentales qui nous hantent depuis l'attentat du 13 septembre et le carnage au Bataclan.