Il ne faudrait pas croire que les films de fantômes japonais sont une mode qui a commencé dans les années 90 avec, notamment, le célèbre Ring d’Hideo Nakata. Nous avons là une vieille tradition japonaise comme en témoigne Kwaïdan réalisé en 1964. On notera aussi que les fantômes féminins y ont déjà le teint pâle, semblent flotter au-dessus du sol et, last but not least, ont de long cheveux noirs et raides ; la seule différence étant que ces fantômes ont le bon goût de ne pas les porter sur le devant de leur visage !
Kwaïdan est un film à sketches qui fait mentir l’idée que les sketches sont toujours très inégaux. Ici, la qualité de l’ensemble est constante et le film a remporté le Prix du Jury au Festival de Cannes 1965. Christophe Gans, le réalisateur de l’excellent Pacte des loups, a déclaré emporter le film partout où il allait afin de le visionner quand il était en quête d’inspiration !
Tous les sketches ont en commun de faire intervenir un ou plusieurs fantômes, et ces derniers ne sont pas vraiment méchants, ou pas totalement, ils sont souvent aussi tourmentés que les personnes qu’ils tourmentent.
Le film est tourné dans un scope somptueux et presque entièrement en studio ce qui permet de créer un univers fantastique coloré, onirique et surréaliste. La mise en scène est très travaillée avec des cadrages très précis et des mouvements de caméras très lents et harmonieux.
On pourra cependant être un peu gêné par la lenteur du film, surtout dans la troisième histoire, mais c’est souvent le cas dans le cinéma asiatique de cette époque-là.