Mon Dieu qu'il fait peur !
Voilà un film qu’on pourrait presque croire sorti d’un vieux tonneau oublié derrière les studios de Joinville — un tonneau qu’on aurait ouvert un soir de beuverie en criant : « Et si on tournait un...
il y a 1 jour
Voilà un film qu’on pourrait presque croire sorti d’un vieux tonneau oublié derrière les studios de Joinville — un tonneau qu’on aurait ouvert un soir de beuverie en criant : « Et si on tournait un truc, là, maintenant ? » Marc Allégret , le réalisateur (dont le nom seul semble déjà hésiter entre l’art et la blague de fin de banquet), signe ici une œuvre qu’on qualifiera charitablement de... tentative.
Darry Cowl, fidèle à lui-même, traverse le film avec la grâce d’un buffet froid après un mariage : on reconnaît la silhouette, on sourit par habitude, mais on ne se ressert pas. Ses mimiques ont cette patine du comique franchouillard d’après-guerre — quelque part entre Fernandel fatigué et Louis de Funès en RTT. Francis Blanche, lui, fait ce qu’il peut. On sent qu’il a envie de faire rire avec les mots, mais on lui donne surtout des répliques qui feraient passer Les Bidasses en folie pour du Molière tardif. Pierre Brasseur, dans son petit rôle, regarde le tout avec l’air d’un homme qui sait qu’il finira chez Carné ou Autant-Lara, mais qu’il doit d’abord payer son loyer. Tania Béryl, ah, Tania... On la sent vaguement coincée entre deux époques : trop belle pour la farce, trop sérieuse pour la parodie. Quant à Marcel Dalio, il apparaît, sourit, et semble se dire intérieurement : “J’ai tourné chez Renoir, pourquoi moi ?”
D’un point de vue historique, le film s’inscrit dans cette drôle de lignée des comédies françaises du tournant des années 1950-60 : des productions souvent rapides, écrites le matin, tournées l’après-midi, et montées entre deux Ricard. On y trouve un humour de caserne, de bistrot, de sous-préfecture — avant que la Nouvelle Vague n’arrive, caméra à l’épaule, pour dire : « On arrête les bêtises, maintenant. »
Mais voilà : ces « bêtises », c’est aussi un pan entier de notre patrimoine populaire. Ces films où l’on rit (jaune) de la France d’après-guerre, où l’on rêve de douaniers moustachus, de contrebandiers maladroits, de jolies filles en jupe droite, et de chansons d’accordéon à la fin.
En somme : L’Abominable Homme des douanes, c’est un peu comme un mauvais vin de table — ça ne se bonifie pas avec le temps, mais ça raconte quand même quelque chose de nous.
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il y a 1 jour
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