Après l'excellente surprise de "La French", le dernier polar de Cédric Jimenez, j'étais plutôt jouasse à l'idée de me faire un autre thriller made in France. L'affaire SK1, comprenez "Serial Killer numéro 1", s'attaque à une figure emblématique de l'histoire criminelle française : Guy Georges, un violeur particulièrement actif à Paris dans les années 90, que l'on a aussi surnommé "le tueur de l'Est parisien".
Depuis quelques années, on peut dire que l'hexagone a pondu quelques pépites en matière de polars, comme elle savait si bien le faire dans les années 60 et 70. Le dernier biopic vraiment marquant ayant retracé l'histoire d'un grand criminel français fut "Mesrine", le double long métrage de Jean-François Richet sorti en 2008, dans lequel Vincent Cassel interprétait le tristement célèbre ennemi public numéro 1. Il y a également eu "les Lyonnais", le dernier film d'Olivier Marchal paru en 2011, retraçant la trajectoire du fameux gang des lyonnais de 1967 à 1977.
Il est donc devenu coutume d'adapter au grand écran l'histoire de nos grands criminels, comme le font déjà depuis longtemps les Etats-Unis. Cette fois, Frédéric Tellier s'attaque à Guy Georges, un violeur doublé d'un meurtrier qui a fait couler beaucoup d'encre dans les années 80 et 90. Je ne vais pas vraiment m'attarder sur les faits concernant l'affaire en elle-même, car comme vous le constaterez par vous-même devant votre écran, l'affaire SK1 s'en charge avec réussite. Mais si vous êtes curieux, je vous recommande le documentaire "Guy Georges, enquête sur un tueur en série", d'Alain Hamon, sorti en 2000.
L'affaire SK1 s'ouvre sur le procès de Guy Georges en 2001, et revient tout le long du film sur Sept ans d'enquêtes et d'investigation qui ont mené à l'interpellation du tueur, qui purge actuellement sa peine et pourrait prétendre à sa libération en 2020. Au lieu de reconstituer son histoire en partant du début, comme pour Mesrine, Tellier a eu l'intelligence d'aborder le sujet en utilisant le jugement de Guy Georges comme point de départ de la chronologie. Une façon habile de captiver l'attention du spectateur. Personnellement, j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans au départ, car il faut bien admettre que le film est plutôt bavard. Il s'agit bel et bien d'une enquête. Alors autant vous le dire : "l'affaire SK1" se montre plutôt avare en action. Et quand je dis "action", je ne parle pas nécessairement de poursuites et de fusillades, mais à défaut d'un rythme enlevé, l'intrigue s'inscrit dans une montée en pression progressive à mesure que l'enquête progresse. Ce qui a le mérite de nous faire entrer dans la peau des enquêteurs, en vivant avec eux leurs craintes, leurs doutes, et leur colère.
Et puisqu'on parle des émotions des personnages, j'en profite pour enquiller directement sur les prestations des comédiens. Servi par un casting secondaire convaincant, le film doit surtout sa qualité d'interprétation à ses deux acteurs de tête, Raphaël Personnaz et Adama Niane.
Personnaz incarne Franck Magne, une nouvelle recrue du arrivée à l'époque des premiers meurtres, qui subit de plein fouet la pression de l'affaire, tant médiatique que hiérarchique, ainsi que par ses propres collègues de travail. Au départ de l'intrigue, Personnaz se montre convaincant sans faire particulièrement d'étincelles. Son personnage évolue cependant de la meilleure manière lorsqu'il commence à littéralement s'effondrer. On découvre ainsi une certaine déchéance dans le regard et dans l'attitude de l'acteur, qui a cherché à décrire au spectateur un policier démuni mais passionné. Un hommage très réussi.
Et puisqu'on parle des émotions des personnages, j'en profite pour enquiller directement sur les prestations des comédiens. Servi par un casting secondaire convaincant, le film doit surtout sa qualité d'interprétation à ses deux acteurs de tête, Raphaël Personnaz et Adama Niane.
Personnaz incarne Franck Magne, une nouvelle recrue du arrivée à l'époque des premiers meurtres, qui subit de plein fouet la pression de l'affaire, tant médiatique que hiérarchique, ainsi que par ses propres collègues de travail. Au départ de l'intrigue, Personnaz se montre convaincant sans faire particulièrement d'étincelles. Son personnage évolue cependant de la meilleure manière lorsqu'il commence à littéralement s'effondrer. On découvre ainsi une certaine déchéance dans le regard et dans l'attitude de l'acteur, qui a cherché à décrire au spectateur un policier démuni mais passionné. Un hommage très réussi.
Côté intrigue et mise en scène, le pari n'était pas gagné d'avance. Il s'agissait de parvenir à convaincre et captiver le spectateur sur une affaire certes d'envergure, mais dont l'issue in fine est déjà connue et ne suscite plus aucun doute ni zone d'ombre (puisque Guy Georges a reconnu à la barre tous les meurtres et tous les viols pour lesquels il était poursuivi ; cela a d'ailleurs fait l'objet d'une scène troublante dans le film).
Malgré cela, Tellier parvient à maintenir le rythme et la tension, en jouant sur nos émotions et notre dégoût vis à vis d'une affaire particulièrement sordide, qui fait encore parler d'elle aujourd'hui. Et en choisissant d'animer tout cela par une réalisation sobre et sans artifice, Frédéric Tellier réussit donc son pari haut la main en amenant son intrigue comme un puzzle qui se reconstitue peu à peu...
Un autre point de fort à mettre en avant, et qui semble devenir l'apanage des films-docu français : le réalisme. L'affaire SK1 se montre extrèmement bien documenté et enrichi de petits détails édifiants pas forcément connus de la presse par ailleurs. Parallèlement à cela, la mise en scène bénéficie d'une qualité soignée au niveau de la reconstitution. Que ce soit de l'affaire en elle-même, de sa chronologie, mais aussi de son contexte années 90 plutôt immersif (surtout lorsque l'on a grandi à cette époque comme moi!). Aaah.... les vieilles télés tube cathodique, les paquets de cigarettes Camel, les images d'archives de Chirac... Je dois avouer que cela a grandement facilité mon immersion...
CONCLUSION :
La filmographie du polar à la française s'enrichit désormais d'un nouveau long métrage, à tout point de vue réussi. Bien qu'il puisse, par sa sobriété et son aspect documentaire poussé, refroidir les passionnés de thrillers d'action sanglants et haletants, "l'affaire SK1" parvient de façon exemplaire à retranscrire la vive émotion ressentie à l'époque par les nombreux protagonistes de cette affaire hors norme, grâce à la fois à écriture soignée et à des comédiens talentueux. Sans avoir le charisme d'un grand polar, la faute à une histoire originale qui tient plus du glauque que du flamboyant, le film tient davantage de l'émotionnel que du mystère, et c'est ce qui fait justement sa force.
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http://www.unoeilsurlecran.com/#!laffaire-sk1/cqxg