sept 2010:

J'ai eu peur au début de la revoyure. La pauvreté de la copie pleine d'écorchures et de couleurs ternies filait un méchant coup de vieux au film. De plus, la vétusté des effets spéciaux augurait du pire dès le générique. Je me demandais bien ce qui avait pu me charmer jadis et nourrir un souvenir émerveillé. Heureusement, progressivement, les trésors que cache le film se révèlent brillamment excitants.

"L'âge de cristal" est une aventure, un parcours plein de mystères pour les personnages comme pour les spectateurs, un voyage-énigme. Les questions se multiplient, se heurtent sans cacophonie -c'est heureux- et attisent de plus en plus l'envie de savoir, de comprendre. Les réponses viennent peu à peu satisfaire cette curiosité. Il en découle un drôle de plaisir, celui de l'exploration d'un monde nouveau et inquiétant. Ce même plaisir que l'on a à lire "L'énigme de l'Atlantide" ou "Le piège diabolique" d'Edgar P. Jacobs, celui que l'on a de voir "Voyage au centre de la terre" de Levin ou bien "La planète des singes", "La machine à explorer le temps" et leurs horizons post-apocalyptiques. Car "L'âge de cristal" nous fait déambuler d'abord dans un monde bien étrange mais très vite également dans un temps plutôt lointain. Le film appartient en effet à ces films qui dégagent des thématiques apeurées sur l'avenir de l'humanité et les périls que peuvent représenter ces sciences obscures et perverses. Si le principe est risible, le récit en est néanmoins passionnant, plein de dangers, de suspense et de décors mystérieux. Un charme ravit peu à peu les émotions des spectateurs.

Captivé j'ai à nouveau suivi ce périple avec attention. L'habillage décoratif est encore de nos jours impressionnant, malgré quelques effets spéciaux lourdauds visuellement, notamment l'aspect "maquette" trop visible et les surimpressions lors des éboulements. On retient avant tout la richesse des décors, leur variété, la méticulosité et le soin porté à les rendre crédibles.

A part Peter Ustinov, dont le rôle s'en tient à la portion congrue, les acteurs sont peu convaincants, assez ternes et plats mais finalement, ça n'est pas plus mal. Cela donne un certain cachet, une ambiance encore plus étrange et lugubre. La société dépeinte en devient plus mélancolique et rigide. Déshumanisée. Effrayante. La petite Jenny Agutter n'est pas mauvaise mais je la préfère encore dans "Walkabout".

Le scénario garde une certaine mesure, dans le rythme. Le montage est à l'unisson. Le tout se révèle très agréable à suivre, sans ennui.

Décors somptueux, chasse à l'homme haletante et univers de fin du monde sont les éléments clés de la réussite de ce film.
Alligator
8
Écrit par

Créée

le 14 avr. 2013

Critique lue 1K fois

11 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 1K fois

11

D'autres avis sur L'Âge de cristal

L'Âge de cristal
DjeeVanCleef
4

Manuel de survie en territoire du futur

Le monde du futur promet à ses enfants la vie éternelle jusqu'à 30 ans. Le monde du futur est moche comme un magasin Ikéa. Dans le monde du futur, t'as un cristal dans la paume de ta main qui te dit...

le 30 juin 2014

37 j'aime

1

L'Âge de cristal
Ugly
7

L'humanité sous cloche en 2274

Est-ce ce qui nous attend en 2274 ? vivre sous un dôme gigantesque pour éviter la pollution et mourir à 30 ans afin d'éviter la surpopulation ? Tout ceci n'est guère réjouissant, mais Michael...

Par

le 30 août 2020

35 j'aime

27

L'Âge de cristal
Zogarok
8

Kitsch, réactionnaire, visionnaire

À l’image de l’improbable Zardoz, L’Age de Cristal est un chef du file du cinéma de science-fiction kitsch et visionnaire. Adaptation libre du roman Logan’s run de William F.Nolan, ce film de Michael...

le 25 févr. 2015

15 j'aime

3

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

53 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime