Ice Age premier du nom marquait l’avènement des studios Blue Sky, aujourd’hui disparus : en marge des mastodontes de Pixar et Dreamworks, l’œuvre phare de Chris Wedge, sur une idée de la productrice Lori Forte, s’inscrit pleinement dans cette caste de long-métrages d’animation culte, ceux qui rayonnent à l’aune des souvenirs d’enfance et qui enjoignent à la redécouverte.
Un exercice auquel il se soumet avec une certaine réussite, et ce malgré d’évidentes limites, d’abord formelles : certes, le passage du temps est une réalité que nous ne saurions occulter, toutefois la comparaison avec d’autres crus de l’époque (Monsters Inc. et Finding Nemo l’encadrent) met la chose en exergue. Qu’il s’agisse de sa fluidité, de ses designs ou encore de ses décors, Ice Age accuse le coup… mais sans que cela ne soit vilain pour autant (si ce n’est peut-être ses figures humaines).
Du côté du fond, le film brille davantage grâce sa simplicité (rimant avec efficacité) que sa profondeur : résolument linéaire, l’aventure de son quatuor hétéroclite mettra à profit leurs différences pour nourrir une multitude de gags faisant (globalement) mouche, là où ses enjeux premiers tendront peu à peu à perdre en fraîcheur. Car n’en déplaise à l’ambivalence pataude du sournois Diego, rien de surprenant n’égaillera leur périple à travers les terres glacées de l’Amérique (le présumons-nous), la parodie préhistorique brillant davantage que son jeu d’intérêts réunis par le sort.
De Ice Age nous retiendrons donc surtout ses nombreuses références et son bestiaire hilarant, des infortunés et anachroniques Dodo à l’intarissable Sid, moins lassant que craint, sans oublier l’emblématique Scrat et sa quête cruellement jubilatoire : tout un panel d’un autre temps réchauffant nos zygomatiques à l’ombre d’un Manny indispensable au sérieux (tout relatif) du film, lui assurant ainsi un relief bienvenu.