En 1964, Gilles Grangier fait le paris de réunir deux monstres sacrés du cinéma : Gabin et Fernandel. Pour ma part, il me paraît utile de préciser que Fernandel fut une figure majeure de mon enfance en représentant l'acteur français par excellence, là où Gabin est un génie, un talent baudelairien que je n'ai de cesse de redécouvrir depuis quelques années. Ce film est donc nietzschéen : une confrontation entre Dionysos et Apollon !


Antoine et Maria sont deux jeunes gens qui s'aiment à Paris. Fous amoureux, ils décident de se marier après l'été. Mais alors, il faut que leurs familles se rencontrent durant l'été. La famille de Maria descend donc à Marseille rencontré celle d'Antoine. Le père de Maria est joué par Jean Gabin, celui d'Antoine par Fernandel.
Le sujet est lancé assez rapidement, en 15 minutes, nous sommes dans la situation de base. Fernandel est plein de vie, de gentillesse et Gabin ne veut pas être méchant ou désagréable malgré la difficulté qu'il a à s'adapter au Sud, loin du Nord qu'il adore voir l'été. Une sorte de version inversé de Bienvenue chez les Cht'tis se profilent et avec plus de talents et de génie bien sur.
Mais lorsque Maria et Antoine s'embrouillent, la fragile amitié entre les deux beaux-pères vacille et très vite, ils se détestent. Retrouver l'équilibre devient l'objectif.


Ce film, magnifique sur le papier, souffre pourtant de maints défauts. Le premier est la bande-son quasi-absente du film. Un détail pour certain, un vrai manque pour moi. Je ne peux que repenser au Tatoué que je n'avais que moyennement aimé ce film mais la comparaison s'impose. Et dans le cas du Tatoué, la bande-son était largement supérieure.
Le film manque également d'un talent de dialoguiste. Ces deux talentueux acteurs n'ont guère de texte qui les sert, et dans le cas de Gabin, j'irais plus loin, son personnage manque d'intérêt. Ainsi, si Fernandel peut mettre en avant toute la polyvalence de son jeu et son génie sans limite, Gabin peine à convaincre et heureusement que quelques scènes lui permettent de laisser libre court à sa personnalité fantasque, sans quoi, on aurait pu croire qu'il était bouffé par Fernandel.


Ce film est un plaisir aussi dans le sens où la majorité du film n'est pas dans la confrontation mais dans l'amitié, ce qui se trouve être très apaisant.
Ce film est donc une sorte de fan-service pour les amateurs des deux acteurs et permet de passer un bon moment sur le thème de l'amitié. Il manque, cela dit, de bonnes phrases et d'intrigue. L'humour, comme l'histoire, ne sont pas assez au rendez-vous et on a le sentiment d'être passé à côté de quelque chose. La fin, de plus, est trop abrupte, et c'est au moment où le film devrait se développer qu'il s'accélère et se termine, bien trop promptement, choquant le spectateur.


Un manque d'écriture, dans le scénario comme dans le dialogue, et cela malgré une trame scénaristique très réussi pour le début, font souffrir le spectateur. Ce film aurait dû offrir davantage ce qui justifie, à mon sens, cette note moyenne.

mavhoc
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le 12 août 2015

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mavhoc

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