L'Agence Tous Risques par T_wallace
Ah, un long métrage inspiré d'une série qu'il serait suicidaire de tenter de remettre au gout du jour, voilà une idée originale !
Et grand bien en a pris la Fox, car si je me souvenais vaguement de quelques épisodes pétaradants qui ont jalonné ma jeunesse avant que je ne découvre les joies de l'esprit critique, de la philosophie et de l'onanisme, je n'avais plus aucune idée de l'avis que je pouvais éventuellement formuler sur la série si je la revoyais maintenant.
Ce film m'a donc aidé à remettre les pieds sur terre : cette fabuleuse équipe de gros bras armés jusqu'aux cheveux, dans leur van noir, avec leur détachement si viril face au danger, le sourire irrésistible de Futé, le mysticisme de Barracuda, l'intelligence machiavélique de Hannibal contrebalançant la folie furieuse de Looping, leur grand coeur et leur esprit d'équipe inébranlable n'a.absolument.aucune.crédibilité.
Et je ne parle pas seulement des effets spéciaux mis au service des pires invraisemblances, du scénario tellement stupide que l'intérêt intellectuel pour le spectateur consiste à tenter de deviner le "comment" des plans tordus d'Hannibal (en général, on prend le loi de Murphy, on envisage son exact contraire, et on trouve), des personnages tellement stéréotypés qu'on se sent infantilisé jusqu'à la régression...
Non, le réel manque du film consiste en son fond beaucoup plus sérieux qu'il n'y parait, ce qui achève de le rendre ridicule.
Car l'esprit de la série, du moins dans mon souvenir, était tout de même d'une légèreté clairement assumée, et ne prenait en aucun cas le parti du fatalisme, comme dans cette joute oratoire d'une incroyable bêtise où Hannibal et Barracus, ayant perdu la foi dans la boucherie, se balancent des répliques de Ghandi à la tronche pour mieux justifier le massacre qui se prépare. D'ailleurs, la résolution de cette péripétie interviendra à la fin de la boucherie annoncée, quand Barracuda se dira "en paix", juché sur le cadavre de leur ennemi. Cela se passe de commentaire.
Le second degré de surface ne permet même pas d'effacer un sentiment de malaise permanent quant à la pensée que l'hégémonie belliciste des américains a encore de beaux jours dans le cinéma.
En bref, c'est un peu comme du Besson, sauf que les flics débiles sont remplacés par des agents de la CIA incompétents, les biatches résistent moins à Bradley Cooper qu'à Diefenthal, les arts martiaux sont remplacés par des flingues de guerre, et les cascades se font dans des hélicos et des avions (ce qui a tout de même plus de classe que dans un taxi marseillais, j'en conviens). Sinon, c'est tout pareil : creux.