Marrant ! J'avais déjà vu le film il y a 7 ans et je n'en ai gardé aucun souvenir !! Habituellement, même si je ne me souviens pas l'avoir vu avant de le lancer, une ou deux scènes me font tiquer. Là, pas du tout, du début à la fin, j'avais l'impression de me faire déflorer.
Mais le plus fou c'est que ça m'a motivé à écrire une très longue critique, très personnelle ! Et ça non plus je ne m'en souvenais plus ! J'ai commencé à me relire, puis j'avoue que ça m'a un peu ennuyé (comme quand j'essaie de lire les critiques des autres sur le site), du coup j'ai arrêté. Donc je ne sais pas trop tout ce que j'ai pu raconter, qui était sans doute très sincère, le peu que j'ai relu, je suis d'ailleurs encore d'accord (par exemple, pas de genre plus important qu'un autre à mes yeux). Mais cette amnésie m'interroge : qu'ai-je bien pu raconter d'autres dans mes 9000 critiques ? Bon, je ne raconte pas vie dans chacune d'elles, je sais qu'à une époque je le faisais plus, là ça doit faire 2 ans que je me contente d'analyser mon ressenti le plus sobrement possible. Mais je pense qu'il doit bien y avoir 200 critiques plus personnelles dans tout ça. Je sais que je parle souvent de cul, des gonzesses qui me plaisent... mais y a certainement eu d'autres sujets racoleurs. Haha, le jour où je perdrai mes critiques du site, ce sera sans doute une bonne chose pour l'humanité.


Soit. L'intrigue est certes un peu molle. Mais je suis moins sévère qu'à l'époque. Car le contexte est intéressant et que les personnages sont quand même bien trouvés. Il ne se passe pas grand chose, c'est vrai, mais il reste tout de même une petite tension en fond de toile. Et les relations conflictuelles ont tout de même un peu d'intérêt. L'on trouvera aussi des idées marquantes, comme le congélo improvisé pour conserver les parents, les liens visuels avec les grands-parents, la blague du père au début du film qui, semble-t-il, aurait pu coûter la vue à son fils...


La mise en scène est également correcte. C'est lent et mou comme un film chiant... mais faut avouer que ça colle au style, c'est donc cohérent et ce du début à la fin. Et puis la photographie reste agréable. Les décors sont bien choisis, c'est pas juste la bête ferme, elle a du caractère, le côté montagneux apporte aussi son charme. Et enfin les acteurs font du bon boulot.


Bref, ça se regarde doucement.


Comme quoi, on peut changer d'avis. Et j'en suis bien content ! Certes, quand on revoit un film, on a cette crainte de ne plus y retrouver la même saveur, mais c'est bien aussi d'évoluer, de voir ses goûts changer, pour le pire ou pour le meilleur.


Ancienne critique:
Titre : "L'histoire où il ne se passe pratiquement rien"
Note : 4/10


J'ai vraiment du mal avec ce genre de film d'auteur. Le genre où il ne se passe rien. Où le discours du réalisateur dépasse son oeuvre. Parce que son oeuvre, elle est vide. C'est d'ailleurs un danger je trouve. Bon j'exagère. mais pas tellement.


Je me souviens quand j'avais 16-17 ans, j'étais dans une période rebelle, celle où l'on décide tout d'un coup que Arte c'est cool, tandis que les cinéma avec des films à gros budgets, c'est nul. Vous savez, celle où quand on voit un film où il ne se passe rien, complètement à l'opposé de ce que l'on voit dans un film de Spielberg et Cie, on décrète que c'est meilleur. C'est souvent une période où l'on se cherche cinéphilement parlant, où l'on commence à présenter de l'intérêt pour le 7ème art et où, forcément on cherche à se démarquer des gens qui le consomment juste parce que aller au cinéma un samedi par mois, c'est l'occasion de sortir un peu et de s'amuser. En plus, d'Arte, on commence à fréquenter les cinéma d'art et d'essai et on en sort à chaque fois plus émerveillé : plus c'est chiant, mieux c'est. Je suis passé par là, et je pense que beaucoup de cinéphiles ont franchi une période trouble de ce genre, où l'on se remet en question, mais pas vraiment en fait, on cherche juste à justifier sa nouvelle passion, prouver que ce n'est pas du vent : si je m'intéresse vraiment au cinéma, alors je ne peux pas citer Spielberg comme étant une unique référence, mais plutôt privilégier les obscurs cinéastes des pays de l'Est qui emploient leurs voisins de pallier comme acteurs.


"L'âme-soeur" fait partie de ces films qui donne l'impression qu'il vaut mieux voir ça qu'un énième blockbuster. Que c'est mieux.


Déjà, je me refuse à dire qu'un genre soit objectivement mieux qu'un autre. Le cinéma est avant tout un divertissement, et du divertissement, on peut en trouver dans tout (la réflexion est un divertissement de l'esprit), ça dépend des goûts et des couleurs. Et les goûts et couleurs des uns ne sont pas meilleurs que ceux des autres. On a le droit d'avoir une préférence, moi-même je signale que je n'aime pas ce genre de film d'auteur. Ça ne veut pas dire que j'ai raison, que personne ne doit aimer, mais juste que j'ai une dent contre ce genre que je trouve faible. Et si vraiment il faut entrer dans les comparaisons qualitatives, alors soyons totalement subjectifs.


"L'âme-soeur" n'est pas mieux qu'un blockbuster. Et en plus ça donne une mauvaise définition de ce qu'est un film d'auteur. Film d'auteur ne signifie pas que c'est fauché, que c'est engagé, mais juste que le réalisateur est également celui qui a pondu l'idée et écrit le scénario au moins dans les grandes lignes. On trouve donc, par exemple, des gens comme Tarantino, Scorsese, Coppola, ... Et on ne peut pas dire qu'ils aient des budgets de cacahuètes. Il y a aussi des films moins chers. Mais est-ce que le film d'auteur se démarque vraiment du reste hormis cette particularité dans les rôles en préprod ?


Pas vraiment. Car un film, de quoi est-il fait ? De conflit. De personnages. D'une histoire. D'un objectif à atteindre. D'une évolution de personnages. Ce n'est pas juste propre au blockbuster. Malheureusement, et là je ne peux m'expliquer pourquoi, beaucoup de jeunes auteurs de cinéma s'imaginent qu'il faut aller à l'encontre de ces ingrédients, qu'ils empêchent la 'vérité' de surgir de la pellicule. Si l'on analyse des films de la nouvelle vague, on s'aperçoit pourtant qu'ils utilisent encore ces ingrédients. Truffaux était même un grand fan de Hitchcock. Alors pourquoi les jeunes loups d'aujourd'hui se refusent aux codes du cinéma ? C'est flagrant lorsqu'on regarde les travaux de dernière année d'une école de cinéma.


Je pense que ce qui est plus que nécessaire dans un film, d'auteur ou pas, de n'importe quel genre, c'est le conflit. Le conflit est à la base de tout. Que ce soit pour ceux qui cherchent un cinéma de réflexion, ou pour ceux qui cherchent un cinéma de divertissement (je fais la scission pour ceux qui se sentent frîleux à l'idée qu'un cinéma intelligent puisse être qualifié de divertissement). Le conflit amène de la tension et satisfait donc le mangeur de popcorn. Le conflit c'est aussi l'occasion pour le scénariste d'éprouver les convictions qu'il tente de transmettre à son public bouffeur de sushis. S'en priver, c'est donc empêcher à la fois la tension d'émerger, mais c'est aussi rendre son propos très creux, puéril.


Dans "L'âme-soeur", je n'ai pas trouvé de conflits. Ou si peu. Et il est vrai que j'ai trouvé le film chiant au possible. Il ne se passe quasi rien. On aurait facilement pu limiter la durée du film à 1h au lieu de 2h. Ensuite, ça ne raconte pas grand chose. D'ailleurs la fin n'apporte rien. Le propos n'est pas remis en question, il est même difficile de dire s'il y a un propos ou non. C'est vide. Il n'y a pas de réflexion, il n'y a pas d'émotion non plus. Il n'y a rien.


C'est dommage parce que hormis une caméra beaucoup trop contemplative, même lorsqu'il n'y a rien à voir (image dégueux, pas de mouvement dans le champs, juste une longue prise de vue inutile), la mise en scène propose quelques plans intéressants, une location intéressante, des personnages qui sont intéressants au départ (et qui auraient mérité d'être approfondis), les acteurs sont intéressants. Il y avait du potentiel.


Mais scénaristiquement parlant, ça ne tient pas la route. C'est comme ces jeunes auteurs qui filment des portes, des histoires qui se déroulent dans un appartement mal éclairé, des discours sociaux bien misérabilistes (où ce n'est plus du conflit mais de la soumission sans aucun échappatoire possible).


Je suis bien conscient que ce n'est pas la volonté propre du film de dire aux jeunes de laisser tomber le blockbuster au profit de ce genre de film insipide. Mon attaque était puérile et impertinente. C'est une interprétation tout à fait personnelle par rapport à la crise que j'ai connue à 17 ans, crise que tout le monde ne traverse pas. De même je ne suis pas réellement colère, je ne désire pas retrouver toutes les copies de ce film pour le brûler. Je reconnais même quelques bonnes idées. C'est juste que le traitement m'a fortement déplu par son vide, je n'ai pa été touché par ce qui s'est déroulé sous mes yeux. Pas de divertissement ni de réflexion, que reste-t-il ? Des esquisses de ce que ça aurait pu être. L'imagination prend l'avantage sur le produit terminé.


C'est une réflexion bien personnelle que je vous ai livrée ci-dessus. Elle n'engage que moi, même si je suis conscient que certaines tournures de phrases laissent supposer une prétention supérieure à cet engagement. Le fait est, je n'ai pas apprécié le film, je me suis ennuyé à cause d'un scénario vide. Je n'apporte pas de conclusion à cette réflexion, car ce serait absurde de prétendre que ce film vaut moins qu'un blockbuster ou un 'vrai' film d'auteur, puisque chacun se fait sa propre définition de ce qu'est un film. C'est juste que j'avais ce besoin égocentrique d'exprimer cette sensation que j'ai ressentie ainsi que mes convictions tout à fait personnelles de ce qu'un film doit être. J'aime énormément de genres différents, et chaque fois pour les mêmes raisons : le conflit. Un réalisateur peut tenter de dissimuler une structure narrative sous des envolées poétiques et expérimentales, un peu comme Terrence Malick, il restera toujours des conflits. Et si ce n'est pas le cas, alors là, je me ferai chier. Ce qui fut le cas pour ce film. Et quelques autres.

Fatpooper
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le 14 déc. 2013

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