Encore une obscure bobine extraite des limbes de la cinéphilie, en l'occurrence des tiroirs des cinémathèques ukrainiennes, reflet d'une époque particulière, point de rupture de l'URSS au début des années 1990. Il faut le dire tout de suite, "L'Amulette" est typiquement le genre de film auquel on a le sentiment de ne pas comprendre grand-chose, très probablement en lien avec un manque monumental de clés de compréhension et de références culturelles contextuelles. L'expérience reste valable en tant que telle, à essayer de combler les vides et de deviner le sens de telle séquence ou de telle ambiance, à partir du moment où l'on n'a pas été de nationalité ukrainienne ou soviétique à la fin du XXe siècle... Quoi qu'il en soit une bizarrerie aiguë et à tous les étages, que ce soit au niveau du rythme chaotique, des interprétations hallucinées, de la bande originale de l'espace, de l'esthétique poussiéreuse, et bien sûr du scénario pas loin d'être incompréhensible pour le commun des mortels. Tout juste peut-on suivre le fil rouge d'un protagoniste dont le frère meurt dans des circonstances mystérieuses après leur arrivée à Kiev, tandis qu'il enquête sur les circonstances de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Ah, et il sera aussi question de transformation en loup-garou — même si à certains moments on ne sait plus trop si on ne parle pas davantage de vampires... On sent qu'il est question de perte d'humanité dans le processus, de transformation en un monstre donnant au film la dimension de l'horreur, de métaphore des angoisses de l'époque et de la géographie particulières en ces temps de transition post-soviétique. Le film d'un cinéaste jusque-là coutumier des comédies, aussi incroyable que cela puisse paraître, et un film qui passa par trois sociétés de production différentes, symptomatique des soubresauts économiques de son époque.