Comme une succession de monologues durant lesquels on tente d'approcher de l'âme d'Erwin/Elvira, de ce qui s'est passé à Casablanca, de ce qu'Anton représente pour ce personnage.


Femme trans et pourtant : Erwin/Elvira semble avoir été pris·e dans la malédiction des enfants qui croient tout ce qu'on leur dit au premier degré. Après avoir été doublement abandonné à son sort par sa mère, Erwin devient boucher dans un abattoir, vit un amour hétérosexuel, devient père, s'éprend d'un homme, se fait femme (Elvira) pour pouvoir revenir dans le carcan hétérosexuel, sans jamais revoir l'homme pour qui le grand saut aura été commis.


Tout du long, on ne saura pas exactement pourquoi cela s'est fait de cette manière ni ce qu'Erwin/Elvira espérait de la vie à chaque étape, pourquoi presque toutes ses relations sont toxiques, pourquoi elle regarde la mort d'un air si calme. Tout ce que l'on sait, c'est l'impossible connexion au monde. D'autant que la plupart des personnages interagissent peu, ils et elles monologuent les un·e·s pour les autres, parfois de manière brillante, mémorable, d'autre fois d'une manière grinçante et difficile à suivre.


Au fond, c'est un film pessimiste, voire dépressif, ce qui résonne avec la vie personnelle de Fassbinder à cette époque. Il y a quelque chose d'assez rude et difficile, que ce soit dans les images (la scène de l'abattoir est particulièrement crue), et dans les propos de personnages souvent désabusé ou aliénés que l'on croise.

Swanney
7
Écrit par

Créée

le 5 avr. 2020

Critique lue 123 fois

1 j'aime

Swanney

Écrit par

Critique lue 123 fois

1

D'autres avis sur L'Année des treize lunes

L'Année des treize lunes
MlleTanagra
7

Décor nu / des corps nus

Frankfurt am Main 1978. Le récit s'installe sur le mythe d'années de treize lunes (dont serait 1978), où les personnes les plus sensibles seraient sujettes à de grands malheurs (dépression tendance...

le 3 juin 2015

5 j'aime

L'Année des treize lunes
stebbins
8

Transfigurations dépressives

Une oeuvre d'une rare densité formelle, émotionnelle et philosophique : parfois médusante, souvent magnifique L'année des treize lunes est une fable existentielle d'un désespoir particulièrement...

le 16 mai 2018

3 j'aime

L'Année des treize lunes
Alligator
8

Critique de L'Année des treize lunes par Alligator

août 2011: Ce qui m'a le plus frappé, ce sont les nombreuses scènes où je croyais voir un film d'Almodovar. Souvent en voyant des Fassbinder, je remarquais la filiation avec Douglas Sirk ou bien même...

le 19 avr. 2013

3 j'aime

Du même critique

La Fin de l'homme rouge
Swanney
10

Lorsque se lèvent les rideaux

Je retombe sur ce livre après deux années sur les étagères. Je ne résiste pas à l'envie d'écire quelques lignes à son sujet, tant il m'avait marqué. Pour ceux qui ne connaissant pas, la méthode de...

le 27 sept. 2018

7 j'aime

2

Arcadie
Swanney
3

Quand rien n'est bousculé

Une déception. Il ne suffit pas d'écrire sur des sujets subversifs, pour l'être : - la communauté est très caricaturale, au point que c'est lisse, on s'en fiche de leur devenir, - certains éléments...

le 3 sept. 2020

5 j'aime

Circé
Swanney
5

Étonnamment traditionnel

J'ai vraiment du mal à comprendre pouquoi ce livre suscite un tel engouement. Oui, Miller a repris un personnage qui a très peu été développé dans la mythologie. Mais elle n'en fait pas un objet...

le 9 nov. 2019

5 j'aime