Venant de terminer ma lecture de Call of the Wild de Jack London, je me suis dit que j'allais voir ce qui avait pu se produire niveau adaptation… peut-être que je n'aurais pas dû.
Je comprends la logique du chien totalement en 3D, vu ce que Buck est censé accomplir durant cette aventure, vu la palette d'expressions exigée, mais pourquoi ne pas avoir assumé cette logique à fond et fait du long un film d'animation ? J'ai pu lire que c'était le souhait du réalisateur et que le problème viendrait du rachat de la Fox par Disney[1], mais reste que ce n'est pas très beau : les chiens en images de synthèse passent mal, spécifiquement le personnage principal, c'est un peu con quand même… sans blague, on croit bien plus à la louve blanche qui apparait à la fin du film qu'à Buck. Comme quoi, la Vallée de l'étrange peut aussi avoir du chien. La photo n'est pas très belle, Janusz Kamiński a tenté de faire tout ce qu'il pouvait pour la sauver, mais on reste face à un échec à cause des CGI. À la limite, le fait qu'Harrison Ford fasse un peu plus d'effort que d'habitude aurait de quoi justifier la prise de vue réelle… mais ça reste bien maigre.
Sans trop de surprise, le récit est édulcoré, on est clairement face à un film pour gosse, avec des gentils et des méchants bien identifiables, une morale qui va à l'encontre du bouquin de London. Sans blague, ça se termine sur « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ». Là où London décrivait un arrachement progressif aux humains, le film s’acharne à ramener Buck dans le giron d’une morale familiale rassurante. Je n'ai pas encore vu le Lilo et Stitch original et Le Robot sauvage, mais en tous cas, Chris Sanders s'est bien mieux débrouillé sur le premier Dragons.
C'est un problème fondamental du scénario : d'un côté, l'intention de raconter une histoire qui ne se repose ni sur des dialogues ni sur une voix-off, de l'autre, un film pour enfant qui semble avoir rencontré une production (sans parler de sa sortie en plein Covid) chaotique. En résulte un film qui réexplique ce que le spectateur sait déjà afin que personne ne soit lésé. Encore une fois, je pense que tenter de se montrer encore plus fidèle au bouquin original, ne pas l'édulcorer, aurait davantage servi le tout.
Pour finir sur du positif, en plus de donner plus de consistance à Thornton, le scénario introduit certaines de ses composantes assez tôt. On s'éloigne de la confusion, de ces rebondissements impromptus, qui émanaient du bouquin original.
Ça peut paraître surprenant, mais je m'attendais à encore pire. Ça ne fait pas de cet Appel de la forêt un bon film pour autant, comprenez par là que j'aurai davantage tendance à le qualifier de « moyen-moins ». Pas insultant, pas mémorable non plus. L’appel de la forêt, ici, ressemble surtout à un appel en absence.
[1]Curieux hasard : la dernière adaptation de Call of the Wild est le premier film estampillé 20th Century Studios, là où la version publiée en 1935 était la dernière à s'ouvrir sur le logo 20th Century Pictures (avant sa fusion avec la Fox). Le chien-loup n'aime décidément pas le renard.