L'Arbalète
3.5
L'Arbalète

Film de Sergio Gobbi (1984)

Deux ans avant ce qui restera comme la quintessence de son travail avec l'inénarrable La Nuit du Risque , le réalisateur d'origine italienne Sergio Gobbi rodait son duo avec le scénariste et acteur Daniel Ubaud en nous proposant L'arbalète un thriller urbain sur fond de guerre de gangs et de trafic de drogue. Un polar en mode action qui passe au mixer le films à la Bebel, La Balance, La Guerre des polices avec un soupçon du Warriors de Walter Hill et une touche de La Chasse de Friedkin pour un résultat assez généreusement catastrophique.


Le film raconte la rivalité de deux flics aux méthodes et idéologies strictement opposés mais qui doivent enquêter plus ou moins ensembles sur une étrange pénurie de stupéfiants mettant différents gangs de la capitale sur les nerfs et proches de l'explosion. Dans le sillage de leur enquête les deux flics entraine une prostituée toxicomane surnommée l'arbalète comme indic.


L'arbalète est un film qui transpire le bis à grosse gouttes malodorantes et l'on sent bien que Sergio Gobbi, sans doute porté par les meilleures intentions du monde, aimerait bien que son film est l'air d'un bon gros divertissement cool et méchamment contemporain. Si les bases restent celles d'une bonne série B, le résultat en revanche souffre de son évident manque de moyens, de grosses carences d'écritures et d'une mise en scène qui n'est pas propre à venir transformer le plomb en or. Dès la première confrontation entre la communauté asiatique et la communauté arabe sur un terrain vague de Belleville on sent qu'on ne va pas être à la fête niveau action et culture urbaine. Le lent travelling latéral alterné sur les tronches bien alignés des combattants des deux camps donne la sensation de voir une présentation de deux équipes de football avant le coup d'envoi, il ne manque plus que les hymnes pour que l'illusion soit parfaite. La baston qui suivra sera ensuite plus proche de la parodie par la faute de bruitages excessifs qu'à du street fighter qui déboite les genoux. Pourtant l'idée de proposer une guerre de différents gangs rivaux sur fond de pénurie de drogue était plutôt bonne idée. Une bonne ambiance d'insécurité type la France a peur sur fond de bandes ethniques bien organisés par couleurs avec les noirs, les jaunes, les arabes et les néo-nazis blonds et blancs. Entre les deux il y-a nos deux flics avec d'un côté l'inspecteur Vincent (Daniel Auteuil) un ancien petit délinquant qui se la joue Bebel aux petits bras et qui fricote amicalement avec le milieu et de l'autre l'inspecteur Falco (Marcel Bozzuffi) un flic raciste, magouilleur et facho qui débarrasserait bien la France de toute cette racaille d'immigrés à grand coup de karcher et justice expéditive.


L'arbalète sous ses dehors de bis un peu nanar reste un film porté tout de même par un sacré casting avec Daniel Auteuil, même si le comédien en pleine période polar n'avait pas encore atteint la notoriété qui sera la sienne quelques années plus tard, et un formidable Marcel Bozzuffi (French Connection - Z - La Guerre des Gangs). Dans le rôle titre et de la prostituée au grand cœur on retrouve la magnifique Marisa Berenson (Barry Lyndon - Cabaret) et dans les seconds couteaux on pourras reconnaître le débutant Alex Descas et Isaac de Bankolé en figurant de second plan. Un chouette casting pas vraiment à la hauteur d'un film qui multiplie les maladresse et les séquences un poil gênantes comme lorsque Daniel Auteuil nous la joue Al Pacino dans Cruising en investiguant dans un bar homosexuel rempli de gays tendance cuirs noirs et marcel blanc. Niveau gêne et dérapages incontrôlés on pourra aussi se délecter de quelques dialogues très poétiques comme " Tu vas finir en collier autour du cou de ta mère" , "Je suis peut être malade mais c'est toi qui vas avoir la chiasse" ou le sublime "Je vais te crever la vessie comme ça t'auras l'eau courante". Ma réplique préférée reste quand même une vanne magnifique dont je n'arrive pas à savoir si elle est volontaire ou non, mais après que le personnage interprété par Marisa Berenson se soit faites torturer et brûler les deux seins avec un cigare, l'inspecteur Vincent balance un superbe " C'est pour nous provoquer qu'ils l'ont passé à tabac ".


L'arbalète est un petit film qui a donc le mérite d'être un assez bon divertissement même si objectivement on s'amuse souvent à ses dépends. De toute évidence Sergio Gobbi n'avait ni les épaules ni le budget pour crédibiliser son script improbable et il reste la sensation que le film ressemble à un type fluet comme une arbalète qui gonflerait désespérément les muscles pour jouer au gros caïd.

freddyK
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le 23 mai 2021

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Freddy K

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