Plus sympa que le 3, plus con que jamais

Dernier opus de la saga L'arme fatale, ce quatrième acte sort plusieurs années après la trilogie (ramassée en 1987-92). Cet été 1998, Mel Gibson lui-même est devenu « trop vieux pour ces conneries ». Il est plus sec et a perdu sa coupe mulet. Mais c'est le dernier round, assurément, alors il pourra encore viser plus haut que ses os ne lui permettent. Cet opus arrive alors que la saga aurait déjà dû mourir et c'est une gaudriole jusque dans sa conception. Une gaudriole chaotique, effervescente et misant à fond sur le capital sympathie ; si on est dans la connivence, c'est probablement, sinon un régal, au moins quelque peu 'touchant'.


Même dans ce cas de figure on ne peut être aveugle à ses 'scories' pachydermiques. Après une intro fracassante où l'hystérie devance tout, le film va s'éparpiller en sous-intrigues, bientôt omises en chemin. La politisation elle-même se trouve inexplicablement évacuée : les immigrés du départ s'envolent quasiment, Chris Rock joue un flic défenseur de sa minorité ethnique ; logiquement, car il faut aller au bout des choses tant qu'il y en a, il se met à relever du « racisme » partout.. Et plus rien, plus de vannes paranos ou d'élans compassionnels disproportionnés, tout comme les obscurs délires autour des héritiers de Mao s'invitent brutalement pour ne faire que meubler.


Les embrouilles verbales ne sont pas moins WTF. Les motivations des mafieux hong-kongais sont incertaines, mais ils ont le mérite d'amuser la galerie indirectement et d'introduire Jet Li à Hollywood (qui y participera à des choses très stupides comme The One). Tout ce qui assure la continuité, c'est le dilemme concernant Martin (Gibson) et Lorna (Rene Russo, dont le personnage s'avilit), pour le moins trivial et rachitique. Malgré tous ces vices, L'arme fatale 4 n'est pas pire que le 3 et il est surtout plus aimable. C'est d'ailleurs son ambition manifeste et il s'en donne les moyens, multipliant les 'private' joke et étalant sa joie jusqu'à épuisement.


Cela implique des running gag (pas nécessairement pour les initiés, comme avec la photo) et des farces hasardeuses, comme cette séquence du gaz hilarant. Et si le 3 n'arrivait pas à se lancer, celui-ci ne sait pas s'arrêter : il y parvient sur la capture d'une photo souvenir, scellant l'esprit « famille » (sans recycler les anecdotes passées, juste en célébrant ce bonheur d'être ensemble). Il n'est pas évident de s'exalter autant que les tribus à l'écran, mais au moins le capharnaüm contient quelques envolées (la poursuite sur l'autoroute) et la violence est assez corsée, rapprochant ce chapitre final de l'inaugural.


Solaire et bas-de-plafond, cet opus demeure plutôt mauvais comme l'état l'ennuyeux troisième opus. Cela fait de L'arme fatale une saga très mitigée. Avec ses deux premiers volets, elle s'en tenait au blockbuster 'd'été' respectable et plaisant sans effort. Mais il a fallu qu'elle imite de façon inintelligente la structure sitcom, tout en essayant de s'octroyer des accents mélos où elle se ratatine – sauf peut-être par le biais de Joe Pesci, dont le personnage n'a jamais autant tenu debout. Idem pour la psy, dont c'est la meilleure apparition de la saga, sinon la seule vraiment 'bonne'.


https://zogarok.wordpress.com/2015/08/11/saga-larme-fatale/

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le 8 août 2015

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Zogarok

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