La relance du film de zombie grand public !

Si la trilogie des morts vivants de Romero incarne le côté thématique et réflexif du genre zombie, le trio du divertissement rattaché aux mêmes créatures pourrait être composé par 28 semaines, L’armée des morts et le remake de la Nuit des Morts Vivants de Tom Savini (avec dans mon cas une mention spéciale pour Land of the Dead, mon premier film de zombie, qui m’avait comblé en son temps). C’est de l’armée des morts dont il est question aujourd’hui, film clé dans l’histoire du genre car tremplin pour le grand Zack Snyder dont la réputation polémique n’est plus à présenter, et démonstration édifiante que le genre zombie pouvait marcher auprès d’un large public en bénéficiant d’un budget conséquent, relançant la vague d’invasion qui depuis s'est largement diversifiée (envahissant des comédies, des films fantastiques, et même de la romance pour ados). Parfait divertissement, qui abandonne toute réflexion pour une efficacité de tous les instants.


On peut remercier l’incroyable dynamisme de la réalisation de Snyder et l’efficacité du script revu par James Gunn (le génie qui a tourné Super, Horribilis et maintenant Les gardiens de la galaxie), qui nous livrent un condensé de ce qui se fait de mieux en termes d’invasion zombie et de lutte pour la survie (ancêtre de World War Z). La sécurité est toujours précaire, et les différents membres du groupe ne sont pas ce qu’il y a de plus soudé. C’est probablement le meilleur atout de cette relecture du classique de Romero : l’ensemble de ses personnages est une réussite. Les portraits sont sobres, épurés, clairs. Leur variété implique très bien le public, et chacun acquiert une profondeur au cours de dialogues réduits au strict nécessaire. A l’exception du personnage cynique et de la bimbo (qui assument leur rôle avec l’implication nécessaire), tous ont matière à nous intéresser, et ceux qui ne le sont pas verront leur espérance de vie drastiquement réduite. Spectaculaire, mais traitant ses personnages avec la déférence qui leur est due (à l’exception de la conclusion, d’un pessimisme assez rare). Insistant modestement sur la psychologie (pas plus qu’il n’en faut pour comprendre les protagonistes, et pas de théorisations verbeuses qui plombaient le rythme des Romero), le film assume son statut de divertissement en enchaînant les rebondissements à la chaîne, et ne crachant pas sur le gore qui rend le spectacle sacrément plus jouissif et immersif (les blessures qui font mal et qui rendent la menace bien réelle). En fait, le film est tellement tourné vers le divertissement qu’il y a peu de choses à rajouter, si ce n’est noter l’effort de dynamisme et de cohérence de l’ensemble, dont l’immersion se révèle être une réussite totale. Terminons enfin avec le générique de fin, qui alors qu’il défile, nous montre les images prises par nos derniers survivants, qui poursuivent leur périple à la recherche d’un havre de paix. Sans spoiler, disons que l’on retrouve avec ce générique le pessimisme des premiers films de Romero, achevant le spectacle avec une satisfaction complète, celle d’en avoir eu pour son argent et de s’être attaché à ces personnages dont la survie finissait par nous tenir à cœur. Un véritable monstre dans sa catégorie, allégé sur le plan de la politique, mais très immersif dans sa catégorie.

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le 4 déc. 2015

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Voracinéphile

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