Pour une surprise, c'est une surprise.


J'étais loin d'imaginer qu'un film d'horreur tournant autour d'un frigo tueur aurait pu m'émouvoir à ce point. Et pourtant, loin de me retrouver devant la gaudriole bis et sans doute un peu nulle que j'attendais, j'ai été totalement happé par l'histoire admirablement bien écrite d'un couple en perdition. Les deux acteurs principaux sont parfaits, surtout Julia McNeal, et retranscrivent à merveille la difficulté de s'accorder des jeunes époux, en proie à la solitude, une histoire familiale difficile (pour la jeune femme), à l'ambition contrariée et à l'impuissance à gérer le mal-être de sa femme (pour le mari), le tout au sein d'un environnement dans lequel ils se sentent intrus (le quartier latino de New York dans lequel ils viennent d'emménager).


Les personnages secondaires sont très bien écrits, gagnant en profondeur à chaque scène dans laquelle ils interviennent. L'exemple le plus typique étant "Juan le plombier", qui a sa première apparition a tout du personnage comique relou, mais devient au fil du film une véritable bulle d'air pour l'héroine.


Le huis-clos est parfaitement géré, les angles trouvés dans l'appartement étant variés et bien choisis, et le scénario habile (par exemple chaque personnage va vivre une bonne journée de merde, mais chacun son tour - pour bien souligner le décalage entre les deux personnages). La mise en scène est plus que convenable, et les effets spéciaux excellents.


Et le frigo dans tout ça ? Et bien il bouffe tous ceux qui passent à porter, sert de porte vers l'enfer et passe tout le film à avoir des fuites dégueulasses. Sa présence inquiétante et constante en arrière-plan symbolise le malaise que ressentent les deux personnages principaux. La fin est très belle, conclusion logique d'une histoire vouée à l'échec.


J'ai donc du mal à comprendre la piteuse réputation de ce film, qui se torche des notes affreuses sur tout le net. Peut-être simplement que le concept de base est à la fois trop absurde et trop en décalage avec le résultat pour que celui-ci soit apprécié pour qu'il est : un très beau drame sentimental, mâtiné de chronique sociale. Avec un frigo maléfique.

Seet
8
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le 13 mars 2016

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