Dans un couvent italien,les soeurs se mettent à péter les plombs et des meurtres inexplicables sont commis.Les autorités religieuses envoient un vieux prêtre pour enquêter,et celui-ci finit par conclure qu'il est impuissant à régler le problème car l'endroit est selon lui hanté par le Diable en personne.L'évêque,pas convaincu,,le remplace par un jeune curé new-look qui croit surtout à la science et est persuadé qu'il y a une explication rationnelle à ce bigntz.Ah Bruno Mattei,un des piliers du bis rital d'autrefois!Le bonhomme a une épouvantable réputation de ringard due au fait qu'il a toujours oeuvré dans les marges du ciné et qu'il n'a,faute de moyens,shooté que des films d'exploitation de médiocre qualité.Il s'est attaqué à tous les genres populaires,et notamment,comme ici,à l'horreur."L'autre enfer" est en quelque sorte précurseur de la nunsploitation,ce sous-genre de l'épouvante dans lequel des bonnes soeurs,par définition frustrées,sont confrontées à la violence et au sexe.Le truc de ces italiens était aussi d'imiter en mode low cost les succès du ciné américain,en l'occurrence on pense fort à "L'exorciste",sorti huit ans plus tôt.Comme souvent,Mattei est flanqué de son ami Claudio Fragasso,qui a coécrit le scénario avec lui et l'a assisté à la réalisation.Les deux hommes ont longtemps collaboré sur les tournages,Fragasso étant parfois crédité comme coréalisateur,parfois non.Il ne l'est pas ici,à son grand désespoir,et il se démène pour réparer cette "injustice",clamant à qui veut l'entendre que Mattei se prélassait derrière le combo pendant que lui dirigeait tout sur le plateau.Quoi qu'il en soit le film n'est pas si mal compte-tenu du contexte et de son échelle économique.Evidemment ça reste de la série B classique qui déballe tout un bric-à-brac horrifico-religieux déjà vu à maintes reprises.On a des crânes empilés dans les catacombes,des crises de possession bien velues,un jardinier demeuré inquiétant,une mère supérieure cheloue,des cadavres dans des cercueils stockés debout,des bébés en plastique qui pendent du plafond,une nonne masquée séquestrée dans les combles,un chat maléfique,un chenil plein de molosses énervés,des bruits bizarres,des hiboux et des chauve-souris qui surgissent inopinément,de l'exorcisme à l'arrache,une nonne qui dégueule du sang après la communion et éprouve ensuite les stigmates de la crucifixion ou une scène de confessionnal qui tourne à l'aigre.On a aussi,plus original,un labo de chimiste dans le sous-sol,avec cornues,éprouvettes,bocaux et chaudron bouillonnant,tout un attirail dont on ne saura jamais à quoi il sert exactement,ainsi qu'une sorte de machine avec des boutons rouges figurant des yeux,qui hypnotise les personnages et les incite à accomplir des actes peu chrétiens.Tout ceci est plutôt marrant,et c'est de surcroît bien filmé,Mattei utilisant efficacement le décor unique du couvent,dont il explore tous les recoins.L'ensemble oscille entre ridicule et sous-Frankenstein sympathique.De gros problèmes techniques ternissent l'ambiance,comme la photo pas terrible de Giuseppe Bernardini,surtout dans les scènes de nuit lors desquelles on ne voit carrément rien,ou la musique électronique tonitruante,pourtant signée Goblin,qui n'est absolument pas adaptée aux images.Par contre les effets visuels sont soignés et les maquillages gore convaincants.Pour ce qui est de l'histoire,elle est narrée de façon quelquefois elliptique,mais ça reste globalement cohérent,et on y injecte même une analyse pertinente à propos de l'évolution de l'Eglise après Vatican 2,avec l'opposition entre ce vieux prêtre à l'ancienne et son jeune successeur moderniste.Les acteurs,des inconnus spécialisés dans ce type de productions, sont assez mauvais,à l'exception de Franca Stoppi,convaincante en mère supérieure pas franche du collier et dont le duel sado-maso avec le père Valerio vaut le détour.Franco Garofalo est très bien aussi dans le rôle du jardinier Boris,ils n'ont pas osé l'appeler Igor,et il a vraiment la sale gueule de l'emploi.Les autres,c'est l'enfer,principalement les deux curetons,l'Anglais Andrew Ray et Carlo De Mejo jouant si mal que ça en devient absolument comique.Mattei a signé sa réalisation du nom de Stefan Oblowsky,un des pseudos qu'il utilisait parfois.