Mais reviens à la maison Tim!
Un instant... Retour en arrière sur les critiques flatteuses à son égard puis sur la filmo du cinéaste... Le doute s'installe puis l'hésitation et le doute se mêlent lorsque vient le moment de décider de son visionnage. Le générique apparaît alors et deux heures plus tard, la réception du long métrage s'avère plutôt positive sur bien des points.
Le petit classique de Lyne en effet possède bien des atouts, à commencer par son interprétation générale de très bonne facture bien que largement dominée par celle de Tim Robbins qui parvient avec une maîtrise respectable à passer d'un état d'angoisse total à celui de désespoir tout au long du récit. Et de cette manière apparaît une fusion entre lui et l'ambiance de ce dernier qui en nous délivrant minutieusement élément après élément et flashback après flashback se révèle une fois le twist final venu d'une cohérence totale. Ainsi est donné tout leur sens grâce aux divers éléments bibliques disséminés qui placent le chemin de croix du héros sous le signe d'une volonté de délivrance multiple. Et cela permet d'introduire, au fur et à mesure de l'éclairage des évènements, le refoulement que fait Robbins de ses souvenirs, marqués par la culpabilité et le traumatisme des horreurs du conflit vietnamien. Traumatisme d'ailleurs introduit sans pathos et éclairant de manière convaincante les difficultés de réinsertion des anciens soldats dans la société et la déresponsabilisation de cette dernière et du gouvernement à leur égard.
Néanmoins si le récit en lui-même s'avère excellent, la mise en scène par contre possède quelques tares. D'une part la bande sonore est indiscutablement une grande réussite et particulièrement efficace lors des scènes des flashbacks sur le conflit et les scènes de crise du héros. Mais petit bémol en ce qui concerne l'introduction de la musique qui gâche certains moments dramatiques à la fin bien que dans l'ensemble Lyne sache introduire un silence extra-diégétique pour les moments de bonheur et de grandes révélations (en somme les climax de l'oeuvre). On ne peut par contre pas passer sous silence l'utilisation assez malhabile des effets spéciaux lors des scènes fantastiques qui non content d'être vieillots s'avèrent surtout handicapants pour l'angoisse que ces scènes tentent d'instaurer.
Toutefois au final le film touche son but et parvient à vraiment transmettre une autre facette de la guerre du Vietnam tout en utilisant judicieusement la parabole religieuse pour symboliser le retour progressif de son héros à la sérénité. Lyne ne démérite donc pas et mérite à juste titre d'être vu autrement que l'auteur de Flashdance et de quelques insignifiants thrillers.