On a pas tous les jours l’occasion de regarder un film bhoutanais. Il est à noter de surcroît que celui-ci a été nommé aux oscars en 2022.


Ugyen est un jeune bhoutanais. Il est enseignant, toujours en formation, dans la capitale du pays. Plus très motivé par le job, le garçon. Sa vraie passion est la musique et culturellement, il est très influencé par l’occident. Son rêve, c’est de quitter le pays pour faire carrière dans la musique. Sauf qu’un jour, l’administration l’envoie dans l’école la plus reculée du pays qui doit être aussi l’école la plus reculée du monde.


Au cœur de ce récit initiatique, l’attraction qu’exerce la modernité et la futilité de ses valeurs. Ainsi, notre jeune homme n’est qu’un jeune homme comme les autres ici et ailleurs, un citadin accro au numérique et à l’immédiateté. Quand il doit se rendre dans ce village coupé du monde à 5000 mètres d’altitude, c’est forcément le choc. Pour se figurer le truc, c’est huit jours de trek à pied en haute montagne et rendu sur place, les choses sont grosso modo comme elles étaient il y a 50 ans : pas d’eau courante, une électricité solaire quasi inexistante, chauffage à la bouse de yack. Quant aux conditions d’enseignement, c’est à l’avenant : pas de tableau, pas de matos pédagogique. Mais des élèves motivés comme jamais. Et on sait à quel point ça change tout quand des mômes vous regardent avec l’envie d’apprendre, de savoir, de découvrir. Aux enseignants, le film rappellera à quoi sert leur métier et en quoi il est essentiel. Aux gamins d’ici, ça fera peut-être comprendre la chance que représente l’école. Peut-être, dans les deux cas. Reste que l’individualisme de la société « à l’occidental » va céder la place chez Ugyen à une prise de conscience du besoin de collectif. C’est aussi au contact d’un mode de vie traditionnel qui va réapprendre qui il est, d’où il vient et en quoi il peut en être fier ou satisfait. Reste la question du rêve, forcément individuel, forcément vecteur de frustration. Qu’en faire et comment le porter comme un poids dans le sac à dos ?

De beaux portraits, de magnifiques paysages, une thématique bien développée, une ambiance sonore très réussie, une interprétation au diapason et une forme de suspens qui se tient finalement jusqu’au bout, voilà le programme de ce film discret et grandiose à la fois.


Au final, une belle surprise, vivement conseillé pour un moment de grâce et de plénitude sans tomber dans la pure contemplation. C’est d’autant plus réussi que le film fonctionne aussi bien sur les adultes que sur les ados. Chapeau ! Et dernière chose, il est vivement conseillé d’éviter la VF qui est absolument catastrophique.


>>> La scène qu’on retiendra ? Le départ, forcément déchirant. Prévoir les mouchoirs.

Konika0
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le 24 mars 2024

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