Une jeune prof d'Anglais issue d'une famille bourgeoise travaille à Paris, ses élèves sont tous beaux, intelligents, doués, disciplinés, et d'une gentillesse proche du paranormal, à la fin de l'année scolaire elle décroche enfin le graal: la titularisation. Malheureusement pour elle et à sa grande surprise elle est envoyée en Picardie, c'est la catastrophe, fini les soirées parisiennes dans des bars branchés à draguer des hipsters barbus avec ses copines insupportables, en effet la ville "n'est même pas sur la ligne du métro".
Malgré les efforts de son père pour faire jouer ses relations et modifier son affectation, elle devra rester un an en Picardie, une fois arrivée ses craintes se confirment: les élèves sont laids, incultes, méchants, et idiots à la limite du pathologique, les habitants ne connaissent pas "flaissbouque", d'ailleurs internet n'est pas vraiment arrivé jusqu'à eux (insérer 12000 blagues pas drôles sur l'absence de wifi), ils vivent dans une autre décennie que la notre et tout chez eux provoque soit du mépris soit de la pitié.
Bien évidemment le film place habilement (ahahah) quelques exceptions à la règle et une paire de story-line misérabilistes dignes d'un mauvais téléfilm France3 (la gamine qui veut avorter, le gamin plus malin que les autres incompris par son père agriculteur etc...) afin de faire comprendre à son personnage principal que quand-même ils sont attendrissants ces bouseux, et que finalement elle peut pourquoi pas en aider quelques uns, commence alors son parcours de rédemption rempli de niaiseries et de clichés (à partir de là vous pouvez aisément deviner la suite et même la fin).


De quoi cette vision surréaliste de la France est-elle le nom?
Pour comprendre ce film il faut savoir qui est Anne Depétrini.
Anne Depétrini est le symbole incarné de cette bulle parisienne consanguine où le piston et les relations font la loi: diplôme à ESC Paris, éclosion professionnelle dans les grands médias centralisés parisiens, papillonnage entre la TV, le théâtre et le cinéma au fil des relations et des copinages, sans jamais que son talent ne saute particulièrement aux yeux.
La vision de la France de Anne Depétrini est juste le produit de ce parcours hors-sol.
Et le pire dans tout ça c'est que la storyline de rédemption de son personnage principal est supposé nous faire dire que "il ne faut pas se fier aux apparences" et qu'au fond le film a un regard bienveillant sur les provinciaux, sauf qu'au final tout ceci reste extrêmement condescendant et savioriste, et surtout les clichés de base ne sont jamais vraiment démontés: à 3 exceptions près les habitants SONT bêtes, laids, et incultes, c'est un fait que le film ne dément jamais, la seule évolution c'est juste que le personnage principal fini par l'accepter et par voir aussi ce qui est bon chez eux, conclusion: le film échoue magistralement à faire passer le message qu'il souhaitait transmettre à la base.


Méprisable sur le fond, le film est aussi ridiculement mauvais dans sa forme, c'est mal filmé, c'est moche, le montage est abominable, certains plans sont mal cadrés, aucune blague ne fait mouche, l'écriture des personnages est complètement ratée, les acteurs sont aux fraises et ont l'air d'être laissés à l'abandon.
La narration est convenue, remplie de clichés d'écriture, au point qu'on devine ce qui va se passer tout au long du film... le supplice se conclue d'ailleurs de manière extrêmement hasardeuse, comme si le film ne savait pas vraiment comment ni où s'arrêter, et certaines backstory ne sont jamais vraiment refermées de manière satisfaisante.
A ce stade on en revient donc encore à qui est Anne Depétrini et à son parcours, et on peut légitimement s'interroger sur l'opportunité de lui confier l'écriture et la réalisation d'un long métrage alors qu'elle n'a manifestement pas les épaules pour.
Petite cerise sur le gâteau: elle se permet un petit caméo, et pas n'importe lequel puisqu'il est surement LE moment le plus gênant de tout le film tant il est mal interprété et tant le gag est horriblement mauvais.


Note: 1.5/10

FrédéricBrocher
2

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le 20 sept. 2019

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