Michel Gondry, réalisateur de l’excellent documentaire «Dave Chappelle’s Block Party » et du magnifique « Eternal Sunshine of Spotless Mind», décide d’adapter l’œuvre colossal et culte de Boris Vian, « l’Ecume des Jours ». Un pari risqué pour un résultat finalement mitigé.
Des décors somptueux, une atmosphère euphorique, une bande son très jazzy et élégante, tout semble bien maitriser en premier lieu. Le spectateur pénètre dans le monde imaginaire de Gondry, encadré par l’esprit de Boris Vian. Le film fourmille de détails incroyables. Des choses invraisemblables prennent vie et donnent à ce long métrage une personnalité tout à fait atypique. Mais plus le temps passe, plus cette folie visuelle devient pesante.
La poésie de Boris Vian crève l’écran, à coup de matraquage gondriesque. Les effets de style s’accumulent de manières exponentielles. Le spectateur cherche désespérément la signification de chaque gadget sans jamais y parvenir. Ce rythme effréné ne semble jamais ralentir. Les yeux sont constamment à l’affut, même lors de scènes plus intimes.
Un film très visuel donc, mais aucunement sensoriel. Cette mécanique acharnée de Gondry, mélangée à la poésie de Boris Vian parvient à offrir un film d’une grande ampleur esthétique mais aucunement humaine. La complexité technique nous émerveille mais l’émotion est presque absente.
L’ingéniosité de Gondry est omniprésente, empêchant à ses acteurs de s’exprimer véritablement. Ainsi, la totalité du casting doit se contenter de leur charme naturel.
Si certains sont impeccables tout au long du film, comme Romain Duris, d’autres varient entre la médiocrité et le passable. Forcément, un casting bankable n’est pas signe de qualité. Gondry donne l’impression d’avoir passé plus de temps à peaufiner ses inventions qu’à diriger ses acteurs. Le scénario, tout de même fidèle au roman donc consistant, devient qu’un simple prétexte pour Gondry d’afficher avec fierté ses inventions les plus folles.
Avec « l’Ecume des Jours », Michel Gondry montre qu’il est un technicien fou à l’imagination débordante mais son rôle de réalisateur ne convainc pas. « L’Ecume des Jours » n’est pas la claque cinématographique escomptée.

Freddy_Ayen
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le 10 mars 2016

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Freddy Ayen

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