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Julio Medem fut longtemps perçu comme l’un des grands espoirs du cinéma espagnol. Très tôt, il signa coup sur coup deux œuvres lumineuses : Les Amants du cercle polaire et Lucía et le sexe, deux longs-métrages d’une beauté rare. Mais avant ces joyaux, c’est L’Écureuil rouge qui marqua durablement les esprits. Ce film inclassable, à la croisée des genres, apparaît comme un véritable ovni cinématographique.
Dès l’ouverture, Medem saisit le spectateur avec une intensité magistrale : un homme, seul sur un pont, assiste à un accident de moto. La conductrice gît au sol, inconsciente, le casque encore vissé sur la tête. L’homme s’approche, s’agenouille, et dans ce moment suspendu lui tient la main, l’accompagnant dans l’attente des secours. De ce geste simple et bouleversant naît une histoire d’amour étrange, imprévisible.
Mais de quel récit s’agit-il au juste ? Thriller, mélodrame, romance ? Medem refuse toute étiquette et construit un récit fragmenté, un puzzle où réalité et mémoire se confondent. Le spectateur est happé dans les méandres de l’esprit de la jeune femme, perdu au départ, pour mieux être saisi ensuite par la surprise, l’émotion, la poésie.
L’Écureuil rouge demeure ainsi une œuvre captivante de la première à la dernière image, preuve éclatante du talent singulier d’un cinéaste qui n’a jamais cessé de filmer les mystères du cœur et de la mémoire.