VU EN SALLE
Quand j’ai appris que des cinéastes français allaient s’atteler à une nouvelle adaptation de L’Homme qui rétrécit de Richard Matheson, je me suis dit : pourquoi pas ?
Les classiques du fantastique, lorsqu’ils sont revisités avec justesse, peuvent révéler quelque chose de notre époque. Et puis, derrière la caméra, il y a Jan Kounen. Devant, Jean Dujardin. De tels noms éveillent forcément la curiosité.
Dans la version américaine des années 1950 signée Jack Arnold, le film s’enracinait dans la peur du nucléaire, omniprésente à l’époque. Ici, le mystère demeure entier : aucune explication rationnelle ou scientifique n’est donnée. Ce choix confère au film une autre tonalité — plus métaphysique, presque philosophique.
Le long métrage de Kounen est d’une maîtrise remarquable. Il exprime le conflit intérieur du personnage avec une économie de mots : tout passe par le regard, la lumière, le cadre. C’est une expérience à la fois immersive et charnelle. Les effets spéciaux, loin de la froideur des blockbusters à la Marvel, possèdent une texture organique, presque inquiétante. L’araignée, surtout, restera dans les mémoires — une créature de cinéma comme on en voit rarement.
La photographie accompagne cette transformation : elle débute naturaliste, baignée de lumière, puis glisse insensiblement vers le fantastique, le sombre, l’étrange.
Mais la véritable réussite du film, c’est Jean Dujardin. Il incarne un homme à la fois fort et brisé, dont la lente diminution physique révèle la fragilité intérieure. Il y a dans son jeu une mélancolie profonde, une humanité bouleversante.
En somme, c’est l’histoire d’un homme qui possédait tout — mais qui ne savait pas le voir.
C’est beau.
Seul bémol : les chats sont un peu malmenés… et ça, mon matou risque de ne pas me le pardonner.