Railroad Tycoon, le vrai.
Oregon 1933, la grande dépression fait rage aux Etats-Unis, poussant des milliers de gens jetés à la rue par la pauvreté à arpenter le pays en quête revenus pour survivre, tout simplement. Face à un défi de mobilité et une absence de financement certains tentent de voyager gratuitement en prenant le train illégalement. Appelés trimardeurs, ces clochards, risquent la mort à chaque montée et descente, et, face à Shack, redoutable chef de train sur la ligne 19, n'ont aucune chance de survivre, car personne ne monte dans le train de Shack, personne ! Ceux qui essaient finissent au mieux sommairement jetés du train en marche, au pire, le crâne fracassé ou sur les rails... S'opposant à Shack, un clochard, surnommé numéro 1, le défie et affirme qu'il pourra monter dans le train et l'accompagner jusqu'à son terminus. Au milieu de cet inévitable affrontement, Cigaret, jeune chômeur, rêve de grandeur et souhaite dépasser numéro 1...
Plus que l'histoire (somme toute simple), c'est au travers des deux personnages principaux, Shack (Borgnine, auquel le rôle de quasi sadique voir tout simplement de fou va comme un gant) et No 1 (Lee Marvin, toujours aussi bon) que le film manifeste toute la puissance. L'Empereur du Nord est en quelques sortes un post western - dont le mythe est mort sous les caméras de Pekinpah, Sergio Leone et quelques autres dont Aldrich lui-même me souffle-t-on en coulisses - à la violence débridée. Grosses chaînes, marteaux de tous types, haches, tous les moyens sont bons pour Shack (dont on regrettera l'absence d'explications quant à ses motivations) dans ce pur duel d'honneur l'opposant au numéro 1, à l'Empereur, devant lui se coltiner le jeune loup qui, mine de rien, à un vrai potentiel de dauphin.
Au scénario simple et concis, L'Empereur du Nord devait initialement être réalisé par Sam Pekinpah et non par Robert Aldrich, mais l'on n'y perd rien au change, Aldrich, tout comme Pekinpah, n'étant pas habitué à nous faire des concessions de goût douteux.
Ni trop court, ni trop long, l'Empereur du Nord, entretien l'intrigue jusqu'au combat final, chaque personnage, ayant, à un moment ou l'autre de l'aventure, le pas sur les deux autres. L'on saluera d'ailleurs Keith Carradine dans sa prestation, guère aisée car pris entre deux acteurs de talent incarnant des personnages parfaitement adaptés à leur jeu respectif.
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